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11 mai 2010Une manifestation de l'opposition pro-occidentale a rassemblé environ 2.000 personnes mardi matin devant le Parlement, à Kiev, la capitale. Sur place, plusieurs centaines de partisans du président Viktor Ianoukovitch avaient formé une chaine humaine autour du bâtiment pour en bloquer l'accès. La police est parvenue à s'interposer entre les deux camps.
Cette double manifestation intervient trois semaines après la signature d'un accord militaire très critiqué avec le voisin russe, dont l'annonce avait entraîné de violents affrontements, en pleine réunion du Parlement, entre des députés de l'opposition et ceux de la majorité.
Si la manifestation de ce matin n'a pas mobilisé des foules immenses, la situation politique reste extrêmement tendue en Ukraine, trois mois après l'arrivée au pouvoir du candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch.
Pour du gaz moins cher
Après la présidence de Viktor Iouchtchenko, fermement opposé à Moscou, le nouveau venu n'a pas attendu longtemps pour faire des gestes significatifs en direction de la Russie. L'un d'eux en particulier a mis le feu aux poudres, il y a trois semaines : le président a décidé de prolonger de vingt-cinq ans, au moins, le bail de la base navale russe de Crimée (sud de l'Ukraine) et ceci en échange d'une réduction de 30 % du prix des livraisons de gaz russe.
C'est pour contrer ce rapprochement que l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko et plusieurs partis d'opposition ont appelé leurs partisans à manifester devant le Parlement mardi, à un peu moins d'une semaine d'une visite d'État du président russe Dmitri Medvedev, les 17 et 18 mai, à Kiev.
De nouveaux accords de coopération devraient être signés à l'occasion de cette visite, ce que redoute l'opposition pro-occidentale, qui rêvait encore il y a peu de voir l'Ukraine rejoindre l'Otan, l'Organisation du traité de l'Atlantique-Nord.
Ces tensions surviennent alors que la Russie a amorcé depuis quelques temps, et surtout depuis l'élection de Barack Obama, un rapprochement avec l'Occident, motivé entre autre par des nécessités économiques. Le pays a beaucoup souffert de la crise financière et souhaite s'ouvrir, de nouveau, aux investissements étrangers.
Les deux visages de Moscou
C'est en tout cas la ligne défendue par le président russe Medvedev, alors que son Premier ministre Vladimir Poutine continue d'incarner une Russie plus autoritaire, très soucieuse d'étendre sa zone d'influence.
Vlamidir Poutine a ainsi récemment proposé de fusionner Gazprom, le géant du gaz russe, avec son homologue ukrainien Naftogaz. Une déclaration qui a révolté l'opposition, qui voit là une menace contre la souveraineté du pays. "Ianoukovitch, arrête de vendre l'Ukraine" criaient les manifestants mardi matin devant le Parlement.
Auteur : Sébastien Martineau
Édition : Audrey Parmentier