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Enfin un accord pour apaiser les Ukrainiens

Georges Ibrahim Tounkara21 février 2014

Le texte a été signé ce vendredi à Kiev et devrait mettre fin à la crise sociopolitique dans le pays. Une crise qui dure depuis des mois et qui a provoqué cette semaine la mort d'une soixantaine de personnes.

Image : Sergei Supinsky/AFP/Getty Images

L'accord signé ce vendredi prévoit notamment la formation d'un gouvernement d'unité nationale, la restauration de la Constitution de 2004, une constitution qui réduit les pouvoirs du président au profit du gouvernement et du Parlement, ainsi qu'une élection présidentielle anticipée. Pour l'instant aucune date n'a été avancée quant à la tenue de ce scrutin présidentiel initialement prévu pour mars 2015. Le texte signé prévoit également des enquêtes sur les récentes violences, des enquêtes qui seront menées sous le contrôle conjoint des autorités ukrainiennes, de l'opposition et du Conseil de l'Europe. Autres points de l'accord, les autorités de Kiev se sont engagées à ne pas instaurer l'état d'urgence tandis que le Parlement devra quant à lui adopter une nouvelle loi d'amnistie.

Manifestants de l'opposition à kiev ce vendredi 19 févrierImage : Bulent Kilic/AFP/Getty Images

Réactions de la rue

L'accord conclu ce vendredi pourrait ne pas suffire à calmer la rue car la violente répression de cette semaine a sans doute radicalisé le mouvement de contestation et certains manifestants pourraient exiger davantage, notamment la démission du président Viktor Ianoukovitch qu'ils tiennent pour responsable de la mort d'une soixantaine d'entre eux. Quelques heures après la signature de cet accord, des milliers de personnes étaient toujours mobilisées sur l'emblématique place Maïdan, au coeur de la capitale ukrainienne.

Réactions internationales

Au plan international, la prudence est de mise même si l'on salue ce compromis. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon demande que l'accord soit appliqué totalement et rapidement. Washington aussi demande une application immédiate de l' accord. Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy "il est désormais de la responsabilité de toutes les parties d'être courageux et de passer des paroles aux actes". La Russie, alliée du gouvernement ukrainien se montre prudente. "Des questions demeurent, les consultations vont continuer" a notamment déclaré Vladimir Loukine l'émissaire russe a Kiev qui a d'ailleurs confirmé qu'il n'avait pas paraphé l'accord entre le président Viktor Ianoukovitch et les chefs de l'opposition. Quant à l'Allemagne qui a joué un grand rôle dans la conclusion de cet accord, elle a salué ce compromis qui ouvre par ailleurs la voie à la libération de l'opposante Ioulia Timochenko.

La Russie de Poutine veut garder l'UkraineImage : DW/B. Riegert

La Russie dans la crise ukrainienne

La Russie principal soutien du pouvoir ukrainien redoute surtout que l’Ukraine ne bascule dans le giron européen. Et pour garder l’Ukraine, Moscou a mis la main au porte-monnaie. L'Ukraine est au bord de la faillite et la Russie a promis l'octroi d'un crédit de 15 milliards de dollars et un important rabais du prix du gaz. Vladmir Poutine aimerait par ailleurs voir l’Ukraine, membre de l’ex Union soviétique, intégrer l'union douanière unissant la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie et bientôt, l'Arménie et le Kirghizistan alors que de nombreux Ukrainiens penchent plutôt pour l’Union européenne. Certains de ces Ukrainiens ont travaillé et vécu en Pologne, un pays membre depuis 2004 de l'Union européenne et ils pensent qu'ils ont plus à gagner d'un rapprochement avec l'Union européenne.

La Russie a également peur que la contestation en Ukraine n’inspire l’opposition russe. La démocratie à Kiev est avant tout une menace pour le pouvoir en place à Moscou et un modèle et un encouragement pour l'opposition russe : Ce que les Ukrainiens ont fait, nous pouvons le faire nous aussi, clament déjà certains opposants russes. Et à tout cela, on pourrait ajouter les liens historiques et culturels entre Russes et Ukrainiens.