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Enquête pour "crimes contre l'humanité" contre Ntiwiragabo

Nadir Djennad
28 juillet 2020

La justice française a ouvert une enquête préliminaire contre le chef des renseignements militaires pendant le génocide de 1994 au Rwanda, Aloys Ntiwiragabo.

Cimétière de Nyaza, près de Kigali.
Une jeune fille traverse le cimetière de Nyaza, près de Kigali, au Rwanda, le lundi 25 novembre 1996, où sont enterrées des milliers de victimes du génocide de 1994.Image : picture-alliance/AP Photo/R. Mazalan

Le journal Médiapart affirme avoir retrouvé la trace d'Aloys Ntiwiragabo, âgé de 72 ans, près d'Orléans, à une centaine de kilomètres au sud de Paris. 

Selon Médiapart, Aloys Ntiwiragabo dispose d'un solide réseau de soutiens en France.

Etienne Nsanzimana, le président de l'association Ibuka France, qui perpétue la mémoire des victimes du génocide des Tutsi au Rwanda, est en colère. Il ne comprend pas comment des génocidaires présumés peuvent vivre paisiblement en France.

"On est en France, on y vit plutôt bien avec nos enfants, nos familles et de savoir que pas loin de chez nous vivent des gens qui ont participé à la destruction des nôtres, c'est une sorte de ycolère et d'incompréhension. Il faut absolument que ces personnes ne se sentent pas en sécurité ici. Quand même on parle d'un génocide, des séquelles qui sont toujours là. Il faut que ces gens soient arrêtés et jugés", souhaite Etienne Nsanzimana. 

 

Des présumés génocidaires toujours en fuite 

 

Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, n'est pas surpris de la présence d’Aloys Ntiwiragabo sur le sol français. Le collectif a déposé depuis 2001 une trentaine de plaintes contre des génocidaires supposés vivant sur le territoire français. 

Selon Alain Gauthier, une centaine d'entre eux seraient toujours présents en France. 

"Les Rwandais qui auraient participé au génocide ont toujours trouvé en France un accueil relativement favorable. Dès la fin des années 90, par exemple l'OFPRA a accordé des titres de séjour ou des statuts de réfugiés à des tas de Rwandais, sans trop y regarder. On sait par exemple qu'à Rouen, il y a un noyau fort d'anciens qui ont participé au génocide ou qui sont liés au pouvoir d'Habyarimana. Pour nous, c'est quand même un scandale que nous ne cessons de dénoncer, d'autant qu'ils sont sûrs qu'ici, ils ne seront pas extradés", se désole-t-il. 

L'association Survie s'interroge sur l'inaction, selon elle, des services de renseignement français et de police qui pourraient procéder à plus d'arrestations. 

"A partir du moment où nos Renseignements généraux sont au courant, comment les gens qui sont responsables au sein des ministères ne le seraient-ils pas ? Il est évident qu'il y a des gens qui savaient, qui trouvaient qu'il fallait continuer à protéger ces gens qui, peut-être, savaient des choses", explique Laurence Dawidowicz, chargée des plaintes contre les présumés génocidaires en France au sein de l'association Survie. 

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Les associations de victimes du génocide des Tutsis au Rwanda basées en France attendent avec impatience l'audition d’Aloys Ntiwiragabo par la justice française. 
 

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