Entre deux mots...
24 avril 2012C'est juste une comparaison maladroite et malencontreuse, souligne die tageszeitung. Pour autant, il faut voir maintenant comment les Pirates vont gérer ce genre de débordements. Jusqu'à présent, leur attitude n'est pas claire. Certes, leurs statuts politiques contiennent bien un engagement contre le fascisme, pour les Droits de l'Homme et contre les discriminations. Mais les Pirates doivent avoir le courage de tirer les conséquences de tels comportements et d'exclure leurs auteurs de leurs rangs. Sinon, ils n'ont rien à faire dans le paysage politique démocratique.
Quel soulagement pour les partis politiques établis, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Jusqu'à présent, personne ne savait vraiment comment se positionner vis-à-vis de ce nouveau rival. Désormais,malgré la démission du fautif, on peut l'affubler d'une réputation dont tout le monde sait qu'elle est injustifiée, mais dont on sait aussi qu'elle suffit, en Allemagne, pour éliminer n'importe qui grâce à cette simple accusation. Le but de l'opération étant à chaque fois de blanchir sa propre veste.
À propos de veste, le quotidien de Francfort revient sur celle, politique cette fois, taillée par l'extrême-droite au locataire actuel de l'Élysée. Nicolas Sarkozy est en effet le premier président de la Ve République voulant être réélu à se retrouver derrière son challenger, tant dans les sondages d'avant scrutin qu'à l'issue du premier tour. Dans ce contexte, le résultat du Front National est inquiétant.
Ce qui fait dire à die Welt : Marine le Pen a misé sur la modération et la modernisation de son parti, attirant ainsi plus de jeunes électeurs et de femmes que n'avait su le faire son père. La joie manifestée à l'annonce de son résultat montre bien que ce scrutin n'est pour elle que la première étape d'une longue marche. Maintenant, Nicolas Sarkozy affronte un dilemme insoluble : plus il renforcera sa réthorique de droite pour séduire l'extrême-droite, plus il enverra de partisans de François Bayrou, dont il a tout autant besoin, dans les bras des socialistes. Marine le Pen est devenu le troisième acteur majeur du jeu politique en France. Et si l'on additionne les voix du Front National, de l'UMP et des divers droites, on doit admettre que 40 pour cent des Français sont ouverts aux idées anti-européennes et xénophobes. Pour l'Allemagne et pour l'Europe, c'est bien ce qui rend les résultats de cette élection si inquiétants, conclut le quotidien.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Fréjus Quenum