RDC : l'AFC-M23 continue son avancée
20 août 2025
Après avoir conquis la localité de Kaniola, dans le territoire de Walungu, le M23 continue de s'affronter à l'armée nationale et au groupe d'autodéfense Wazalendo dans cette partie de la province du Sud-Kivu.
Jean-Jacques Purusi, gouverneur de la province, s'interroge sur ces affrontements à la veille d'un nouveau cycle de négociations à Doha, au Qatar, et dénonce la présence de mercenaires.
"Il y a des mercenaires avec lesquels ils travaillent. Que ce soit des Somaliens, des Libanais ou des Sud-Soudanais, ce sont eux qui opèrent leurs drones à partir de Bukavu et qui les montent à Walungu et ailleurs contre les civils", assure-t-il au micro de la DW.
"Personne ne va fuir. On est là jusqu'à ce que la paix soit rétablie grâce à l'offensive diplomatique du président de la République."
Le M23 en route pour Kinshasa ?
Selon certains observateurs, l'intention manifeste des rebelles est de vouloir foncer sur Kinshasa. C'est ce que pense notamment l'analyste Justin Kamilolo, de la Dynamique des politologues du Congo (DYPOL).
"C'est Uvira qui est en train d'être menacé. Si jamais Uvira venait à tomber, ça serait beaucoup plus compliqué pour Kinshasa, qui doit tout faire pour que les rebelles reviennent à la table des négociations. Quand vous êtes à la table des négociations, il faut savoir faire des concessions. Il faut éviter d'y aller avec imposition, avec intimidation", affirme-t-il.
Mais les leaders de l'AFC-M23 sont partagés, selon l'historien et géopolitologue Fernando Nkana wa Katamba, qui estime que certains veulent seulement s'emparer de l'ensemble de l'ancien Kivu, tandis que d'autres ont pour objectif de conquérir Kinshasa.
"Ceux qui sont venus de Kinshasa et d'autres provinces, leurs enjeux, c'est d'aller conquérir Kinshasa et de déboulonner le régime en place, soit par vengeance, soit pour récupérer leurs intérêts et s'installer. Mais d'autres réalités sont apparues sur le terrain, notamment les Wazalendo, qui ne sont pas corruptibles. Voilà pourquoi ils sont bloqués. Mais l'intention est toujours là", estime-t-il.
Un groupe qui manque de moyens pour conquérir tout le pays ?
Cette intention, le professeur Philippe Doudou Kaganda, directeur scientifique du Centre de recherche et d'étude sur les conflits et la paix dans la région des Grands Lacs, n'y croit guère.
"Je ne pense pas que le mouvement rebelle puisse avoir l'intention d'arriver à Kinshasa, étant donné que le M23 n'a pas les moyens, en termes financiers, en termes d'hommes et en termes d'armement, pour prétendre conquérir un espace aussi vaste que la RDC. Tout ce que fait le M23, c'est renforcer sa position et se doter d'un grand espace d'exploitation des ressources naturelles", assure-t-il.
Un important cycle de négociations doit pourtant commencer dans quelques jours, selon la médiation qatarie. Et le projet d'accord de paix est désormais entre les mains des deux parties.