Et si Areva partageait le gâteau ?
7 février 2014Cela fait plusieurs mois maintenant que l'Etat nigérien et Areva, géant du nucléaire détenu à 80% par l'Etat français, sont en négociations. Il s'agit de renouveler les contrats de deux mines d'uranium dans le nord du Niger : la Cominak et la Somaïr, deux contrats arrivés à échéance au 31 décembre 2013. Areva investit désormais sur le site d'Imounaren, la plus grande réserve connue d'Afrique, appelée à produire 5000 tonnes d'uranium par an.
La taxation comme pomme de discorde
Au cœur du différend : le code minier dont s'est doté le Niger en 2006. Le texte prévoit un doublement des taxes sur les minerais et la suppression de certaines exonérations fiscales.
D'un côté, donc, on a un Etat nigérien qui, bien que quatrième producteur mondial d'uranium, a un indice de développement humain parmi les plus bas au monde, et qui a besoin d'entrées d'argent et donc de recettes fiscales pour sa politique de développement. De l'autre, Areva, qui refuse pour le moment de lâcher du lest. L'entreprise avance qu'elle crée de nombreux emplois au Niger et investit déjà 6 millions d'euros par an dans la rénovation d'écoles et autres investissements « sociaux ».
Déclarations de Pascal Canfin peu goûtées
La France est actionnaire à 80% d'Areva. Alors les déclarations du ministre français du Développement, Pascal Canfin, qui a reconnu mercredi la « légitimité » des revendications du Niger et estimé qu'Areva devait faire des efforts, ont fini d'agacer certains Nigériens. Ils reprochent à la France, ancien colonisateur du Niger, de tenir un double langage.
Le correspondant du programme haussa de la DW, s'est rendu à la manifestation d'hier à Niamey, pour prendre le pouls des manifestants. Certains vont jusqu'à évoquer une « colonisation », des revendications d'« indépendance ». Pour les entendre, cliquez ici.
Parmi les voix critiques citons celle d'Oxfam. L'ONG dénonce l'opacité des négociations entre l'Etat nigérien et Areva. Les deux parties se sont fixé jusqu'à la fin du mois pour trouver un accord. En plus de ses ressources naturelles, le Niger a une autre carte en main : il est un allié stratégique de Paris dans la lutte contre les groupes islamistes radicaux dans le Sahel.