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Encore 4 mois d’état d’urgence au Tchad: la faute à la pluie

Henri Fotso
11 septembre 2019

Le Parlement tchadien proroge l'état d'urgence de quatre mois dans trois régions du Tchad en proie à des conflits intercommunautaires : le Tibesti, le Sila et le Ouaddaï... à cause des intempéries.

Tschad N'Djamena Polizeikontrolle
Image : Getty Images/AFP/P. Desmazes

La raison avancée par les autorités tchadiennes pour justifier la prolongation de l’Etat d’urgence dans la partie orientale du pays durant quatre mois supplémentaires, c'est la pluie qui rend impraticables des routes dans le Tibesti, le Sila et le Ouaddaï.

Autrement dit, selon les autorités, un mois n’a pas suffi aux forces armées pour désarmer les populations qui s’affrontent régulièrement.

Dans un tel contexte, le gouvernement tchadien pense que les élections législatives, qui auraient dû avoir lieu en 2015, devront de nouveau être repoussées.

C’est la position que défend  le ministre de la Justice, Djimet Arabi:"La restauration de la paix est plus importante. Pour organiser des élections libres et transparentes, il faut qu’il y ait la paix et la quiétude au sein de la population. Tant qu’il y a des conflits intercommunautaires, des morts partout, il est très difficile d’organiser une élection libre et transparente."

Saleh Kezabo s'oppose à l'état d'urgence dans l'Est du TchadImage : Tchindebbé Patalle

L'opposition contre l'état d'urgence

Mais Saleh Kebzabo, le leader de l’opposition arrivé en deuxième position à la présidentielle de 2016, pense qu’il y a un agenda caché derrière cet état d’urgence.

Pour lui, un état d’urgence est un état d’exception bien commode car il autorise une restriction des libertés fondamentales :

"Je suis contre l’état d’urgence. L’état d’urgence dans un pays libre est une situation de non droit, une situation de violation, une situation d’insécurité. Depuis trente ans que Deby est au pouvoir, on nous a dit à plusieurs reprises qu’on a récupéré des armes, ou qu’on a rendu des armes, alors que nous savons parfaitement que dans certaines régions et en particulier dans celles qui sont en cause aujourd’hui, les armes sont pratiquement irrécupérables. Nous ne sommes pas en guerre. Si on était en guerre contre un autre pays, ou contre une coalition de pays, je comprendrais qu’on demande une mobilisation générale des Tchadiens et qu’il y ait un état d’urgence."

Lire aussi : Tchad: lourdes condamnations contre des rebelles

Vols et pillages par des forces armées

Les populations se disent victimes d’exactions de la part des forces armées qui, sous le prétexte de contrôles, dépouilleraient les villageois. Khalit Daoud Mahamat Saleh, le chargé des programmes à la Convention tchadiennes pour les droits de l’homme rapporte ainsi :

"Dans le Ouaddaï et le Sila, le gouvernement a commencé par saisir les motos. Alors que dans cette partie du Tchad, 50 ou 60 % des travaux se font avec ces motos. En plus, au nom de l’état d’urgence, les militaires et les gendarmes se présentent dans les villages et quand ils rentrent, ils ramassent tout : les bijoux, les objets, les téléphones et quand vous résistez, on vous dit que vous avez une arme, on vous frappe, on vous ligote et on vous envoie en prison."

Le président Idriss Deby pèse de tout son poids sur les choix du Parlement.Image : picture-alliance/AA/E. Gurun

Malgré tout, le gouvernement tchadien maintient par la voie du ministre de la Justice Djimet Arabi qu’une prolongation de l’état d’urgence est nécessaire pour préparer le terrain à des élections au Tchad.

Lire aussi : État d'urgence au Tchad : le pouvoir répond aux critiques

Le parlement tchadien, aux trois-quarts contrôlé par le président Idriss deby, a voté cette prolongation de l’état d’urgence avec 115 voix pour, aucune contre, et deux abstentions.

 

Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais
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