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En Afrique, des missions de l'Onu de plus en plus contestées

Tania Krämer
29 juin 2023

Alors que s'achève le mandat de la Minusma au Mali, la remise en cause des casques bleus sur le continent semble se généraliser. Analyse des conséquences de ce rejet.

Défilé de soldats ivoiriens de la mission de l'Onu au Mali pen 2019
Des soldats ivoiriens de la mission de l'Onu au Mali prennent part à une célébration à Abidjan en Côte d'Ivoire le 07.08.2019Image : SIA KAMBOU/AFP

Au Mali, en République démocratique du Congo ou en République centrafricaine, les missions de paix des Nations unies suscitent rejet et déception.

Opérant dans le cadre de directives strictes, avec des mandats souvent trop faibles, elles n'ont pas été en mesure de stabiliser les régions où elles ont été déployées.

Des missions "impuissantes"

"Les missions n'ont pas réussi à gérer le cycle de la violence dans ces pays et la raison-même pour laquelle elles ont été amenées à intervenir", souligne Adib Saani, directeur du centre Jatikay pour la Sécurité humaine et la construction de la paix.

L'analyste prend le cas du Mali en exemple, où la junte au pouvoir a ordonné le retrait sans délai des troupes de la Minusma. "La situation n'a pas été résolue car la violence semble s'aggraver de jour en jour et la mission semble presque impuissante" estime-t-il.

Des dynamiques culturelles et politiques complexes

Mais alors, comment expliquer ce qui apparait comme un échec ? Les experts citent d'abord la grande instabilité politique de la zone, au sein de laquelle l'Onu peine à évoluer sans le soutien des gouvernements.

Manifestation contre les troupes de la Monusco à Goma en République démocratique du Congo le 26.07.2022Image : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

Il y a ensuite les agissements de certains contingents qui nuisent à l'image des soldats de la paix. Ainsi, en Centrafrique, des casques bleus ont été accusés de contrebande d'or et de diamants.

Dans ce même pays, mais aussi en RDC et au Soudan, d'autres ont été accusés de viol, parfois sur de très jeunes filles.

Enfin, il y a la présence des mercenaires de Wagner au Mali, en Centrafrique ou au Soudan. Ceux-ci entrent en compétition directe avec les soldats des Nations unies sur le terrain.

Des blocages persistants

Il ne faudrait cependant pas tout remettre en cause pour autant. Selon Fidel Amakye Owusu, analyste au sein du Consortium de recherche sur les conflits en Afrique, les missions de l'Onu restent importantes.

Il cherche à expliquer leurs difficultés : "Dans le cas du Mali, on se rend compte que récemment, à cause de l'arrivée de Wagner invité par la junte, les soldats de l'Onu ont été limités dans ce qu'ils pouvaient faire."

La solution selon lui serait la restructuration des missions de l'Onu à l'avenir. Il faudrait "élargir leur mandat ou les rendre plus fluides."

Un acteur fondamental qui doit se réformer

Une patrouille de la Monusco à Goma en République démocratique du Congo le 19.03.2020Image : Olivia Acland/REUTERS

Pour autant, ces missions n'ont pas perdu en crédibilité. "C'est lié à d'autres acteurs que l'Onu, comme Wagner et les acteurs gouvernementaux", affirme l'analyste.

Il fait alors référence à l'enquête des Nations unies accusant l'armée malienne et les supplétifs russes de Wagner d'avoir exécuté plus 500 personnes dans le village de Moura au Mali en mars 2022. Une accusation inacceptable pour la junte au pouvoir, et qui aurait intensifié les tensions entre la mission de l'Onu et les autorités.

Selon ces deux experts, il ne s'agit donc pas de savoir si les missions militaires de l'Onu ont leur place sur le continent africain. Elles ont leur importance mais elles devraient revoir leur mandat et mieux coopérer avec les autorités nationales pour pouvoir répondre aux défis sécuritaires.