Que va dire Bassirou Diomaye Faye à Donald Trump ?
9 juillet 2025
Cinq chefs d’Etats africains sont invités à la Maison Blanche. Les présidents du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia, de la Mauritanie et du Sénégal sont, depuis ce mercredi, les hôtes de Donald Trump.
C’est la première fois que le président américain ouvre ainsi la Maison Blanche à plusieurs dirigeants du continent.
Un mini-sommet au cours duquel il devrait surtout être question de coopération économique.
Selon des diplomates américains, la rencontre entre Donald Trump et ses homologues africains devrait être centrée sur les questions commerciales, d'investissements et de sécurité.
Ce mini-sommet s’inscrit dans la vision de l'administration Trump en matière de politique étrangère, comme indiqué dans une note d'information intitulée " Un nouveau plan Etats-Unis-Afrique dans le contexte de la montée en puissance de la Chine".
Contrer la Chine en Afrique
La Chine a accru ses vingt dernières années sa présence sur le continent, devenant le premier partenaire commercial de l’Afrique, très loin devant les États-Unis.
Pour le Sénégal, qui fait face à une forte dette extérieure, estimée à 111,4 % de son PIB par le Fonds monétaire international, et qui entend relancer son économie, le président Bassirou Diomaye Faye devrait plaider pour un plus grand engagement des investisseurs américains dans son pays.
Les échanges commerciaux entre les États-Unis et le Sénégal s'élevaient à 586 millions de dollars en 2024 (350,9 millions de dollars d'exportations américaines et 235,1 millions de dollars d'importations américaines).
En comparaison, les échanges avec la Chine sont presque six fois plus importants, avec près de trois milliards de dollars d'exportations de la Chine vers le Sénégal et 310 millions de dollars d'importations en 2023.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, était d’ailleurs récemment en Chine, un pays qu’il a exhorté à investir davantage au Sénégal.
Les minéraux sénégalais, en particulier le phosphate, le zircon et le titane, pourraient intéresser les Américains.
"Le président Trump estime que les pays africains offrent des opportunités commerciales incroyables qui conduiront à une prospérité mutuelle", estime un diplomate américain, en soulignant que désormais, "les Etats-Unis sont présents et engagés sur le continent africain".
La question migratoire
L'autre question de taille que Bassirou Diomaye Faye pourrait aborder avec Donald Trump concerne la migration.
Le Sénégal est menacé, avec 24 autres pays du continent, dont le Gabon, la Mauritanie et le Liberia, également conviés à ce mini-sommet, d’un nouveau "travel ban", une interdiction de voyage sur le sol américain.
En cause : l'interpellation de plus de 20.000 Sénégalais à la frontière mexicaine avec les États-Unis, entre janvier et juillet 2024, selon un document du ministère américain de l’Intérieur.
La question est très sensible pour le pays, dont plus de 30.000 ressortissants vivent aux États-Unis et dont la contribution financière est vitale puisqu'elle serait plus élevée que l’aide publique au développement.
Reste à savoir si le président Bassirou Diomaye Faye pourra réussir à obtenir des concessions de Donald Trump sur cette question migratoire et aussi sur la taxe de 10 % de droits de douane imposée aux importations en provenance du Sénégal.
Ce mini-sommet de Washington est présenté comme la première grande initiative africaine du second mandat de Donald Trump, un président qui, lors de son premier mandat, avait qualifié de “pays de merde”, les pays africains.
Un autre sommet plus large entre les États-Unis et l’Afrique pourrait également se tenir en septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York.