Il s'agit du premier test électoral pour le Premier ministre Abiy Ahmed, 44 ans, qui avait promis à son arrivée au pouvoir en 2018 d'incarner un renouveau démocratique dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.

Au total, 37 millions d'électeurs sont inscrits sur les listes mais plus de 100 circonscriptions ne participeront pas au scrutin pour diverses raisons.

Près de Beshasha, le village d'Abiy Ahmed, situé dans la région Oromia, les jeunes chantent encore les louanges du Premier ministre éthiopien à l'approche des élections. C'est la deuxième fois que Taoufik, l'un d'entre eux, participe à un rassemblement en faveur du Parti de la Prospérité.

"Sur la base du travail qu'il a accompli, nous pensons que ce parti peut transformer le pays. Le travail qu'il a fourni montre qu'il peut apporter beaucoup de choses pour notre futur.", pense Taoufik.

Craintes de violences

En revanche, les critiques se multiplient dans d'autres endroits du pays. La situation est volatile. En Oromia, la région la plus peuplée d'Ethiopie, des violences éclatent régulièrement entre des groupes armés et les forces gouvernementales. Les deux principaux partis d'opposition se sont retirés du scrutin. Ce jeune homme, qui a préféré rester anonyme, craint que la situation n'empire avec les élections.

"A l'approche des élections, nous apprenons la perte de beaucoup de vies. Et les chiffres augmentent de jour en jour ! Nous continuons d'entendre que des gens se font tuer. Les membres des partis d'opposition qui sont en prison devraient être libérés", dit-il .

 Des réformes et la tourmente

L'enjeu est de taille pour Abiy Ahmed, arrivé au pouvoir sans élection avec un agenda ambitieux, tant sur le plan politique qu'économique. Mais depuis son arrivée en 2018, les défis se sont multipliés, notamment les violences inter-ethniques à travers le pays et un conflit dans la région du Tigré, qui sévit toujours entre le TPLF d'un côté et l'armée fédérale, soutenue par l'Erythrée, de l'autre.

Outre l'insécurité, les problèmes logistiques ont eu un impact conséquent sur l'organisation des élections, mettant en cause leur crédibilité. Au total, environ 20% des circonscriptions ne participeront pas à ce scrutin. 64 d'entre elles ne pourront d'ailleurs voter qu'en septembre prochain. 

Les résultats du vote de ce lundi devraient être annoncés le 1er juillet prochain, mais il faudra donc attendre plusieurs mois avant de connaître la composition du prochain Parlement. En ce qui concerne le Tigré, aucune date de vote n'a été annoncée. Une grave crise humanitaire sévit actuellement dans la région. Selon l'ONU, 350.000 personnes risquent la famine.