L'Europe tiraillée entre les Etats-Unis et la Chine
14 juillet 2025
Les diplomates américains et européens s'affairaient pourtant à chercher une issue aux négociations commerciales entre les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), avant que le président américain ne prenne tout le monde de court.
Ce lundi (14.07), Bruxelles réagit à l'annonce de Donald Trump et menace de répliquer avec des mesures qui pourraient impacter 72 milliards d'euros de produits américains.
Plus largement, face à cette imprévisibilité des Etats-Unis, l'Europe cherche de nouvelles options. L'autre poids lourd de l'économie mondiale, c'est la Chine. Là aussi, les relations sont compliquées. L'UE craint d'être inondée par des produits chinois bon marché, au détriment des entreprises européennes.
"Siècle du Pacifique"
Alors qu'au 20e siècle, les pays occidentaux de la zone Atlantique ont largement influencé les affaires du monde, la montée en puissance continue de la région Pacifique fait dire aux politologues que le 21e siècle sera le "siècle du Pacifique".
Si les États-Unis resteront une superpuissance, le président chinois Xi Jinping ambitionne de faire de la Chine un "grand pays socialiste fort, démocratique, civilisé et harmonieux" d'ici 2049, c'est-à-dire d'ici le 100e anniversaire de la naissance de la République populaire.
Dans une étude réalisée en début d'année, le cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers estime que la Chine dépassera les États-Unis dans les 30 prochaines années et deviendra la première puissance économique mondiale.
En attendant, Washington mise sur la loi du plus fort, pour faire plier les pays économiquement plus faibles et obtenir des concessions commerciales.
Mais les Etats-Unis s'attaquent aussi à leurs principaux partenaires historiques. Samedi (12 juillet), Donald Trump a menacé d'imposer le 1er août des droits de douane de 30 % sur les importations en provenance de l'Union européenne, et ce, alors que des négociations étaient en cours. C'est trois fois le taux en vigueur.
Partenaire ou rival ?
A Bruxelles, on commence tout doucement à perdre patience. "L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment", a réagi le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic.
Les États-Unis pourraient devenir autant un "partenaire, qu'un concurrent et un rival" pour l'Europe, selon les experts de la Chine, Paula Oliver Llorente et Miguel Otero-Iglesias, du think tank espagnol Elcano Royal Institute.
Une relation qui définit justement celle que l'Union européenne entretient avec la Chine.
"L'incertitude est devenue le facteur déterminant du positionnement stratégique de l'UE dans le contexte de la rivalité entre les États-Unis et la Chine", écrivent les deux chercheurs.
Aussi, ils expliquent que Bruxelles et Washington ont deux perceptions très différentes de la menace que représente la Chine. Si les États-Unis affrontent "un concurrent hégémonique" et "une menace existentielle", l'UE "s'efforce d'établir une relation équilibrée avec un acteur global".
"Un défi historique" pour l'Allemagne
En Allemagne, première économie du continent, on voit la confiance dans les relations internationales s'éroder. Wolfgang Niedermark, membre du conseil d'administration de la Fédération de l'industrie allemande (BDI), craint que les droits de douane de Donald Trump ne nuisent à "la reprise économique, à la capacité d'innover".
L'Allemagne, comme la Chine, est un pays orienté vers l'exportation, et dépend fortement du libre-échange.
Dans ce contexte, "la politique de Donald Trump et le conflit entre les États-Unis et la Chine sont un défi historique pour l'Allemagne", note également Claudia Wessling et Bernhard Bartsch du groupe de réflexion spécialisé dans la Chine, Merics, basé à Berlin.
Il s'agit donc de trouver un équilibre et de réduire les risques de dépendance.
Tout en cherchant une voie de partenariat avec la Chine, Bruxelles tente ainsi de ne pas froisser les Etats-Unis, moteur économique, mais aussi acteur incontournable de la sécurité européenne. Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, l'importance de la présence militaire américaine en Europe est devenue encore plus évidente.