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Exécution de Jamshid Sharmahd : Berlin dénonce un "meurtre"

Marco Wolter | Avec ARD | Avec agences
29 octobre 2024

L'Allemagne et l'UE réagissent avec consternation à l’exécution à Téhéran de l'Iranien naturalisé allemand, condamné à mort pour terrorisme par le régime iranien.

Jamshid Sharmahd lors de son procès, dans une tenue rayée bleu clair et bleu foncé
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamnée l'exécution de Jamshid Sharmahd "avec la plus grande fermeté"Image : mizan

La diplomatie allemande dénonce un "meurtre" et a convoqué le chargé d'affaires iranien en poste à Berlin après l'exécution le lundi 28.10 de Jamshid Sharmahd en Iran. L’ambassadeur allemand à Téhéran a été rappelé pour des consultations. Des mesures supplémentaires seraient possibles. 

Bruxelles envisage également des mesures, mais doit d'abord en discuter avec tous les Etats membres de l’UE.

Berlin avait prévenu à plusieurs reprises que "l'exécution d'un ressortissant allemand aurait de graves conséquences", rappelle la diplomatie allemande. 

Jamshid Sharmahd a toujours clamé son innocence. Mais comment se faire entendre, lorsque, comme l’écrit le chancelier Olaf Scholz, qui dénonce un "scandale", celui-ci "n'a pas eu la possibilité de se défendre contre les accusations portées contre lui lors de son procès".  

Le Germano-Iranien n’a pas pu choisir son avocat, il a été placé à l’isolement, et ses aveux diffusés à la télévision nationale iranienne pourraient avoir été obtenus sous la torture. 
Par ailleurs, le juge qui a dirigé son procès, surnommé le "juge de la mort" est sous sanctions de l’UE et des Etats-Unis.

l'ambassadeur allemand à Téhéran a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et "protesté avec la plus grande fermeté contre l'assassinat de Jamshid Sharmahd"Image : Fatemeh Bahrami/AA/picture alliance

Un régime iranien qualifié d'"inhumain"

Ce sont les services secrets iraniens qui auraient enlevé Jamshid Sharmahd, en 2020, alors qu’il transitait par Dubaï. Le régime iranien lui reproche alors sa supposée proximité avec une organisation d’opposition (Tondar) que Téhéran qualifie de terroriste ainsi que son implication présumée dans un attentat contre une mosquée, en 2008, à Chiraz, dans le sud de l’Iran. Cet attentat avait coûté la vie à 14 personnes. Il aurait également coopéré avec des agents du FBI et de la CIA et tenté d'établir des contacts avec le service de renseignement israélien du Mossad. 

Des accusations que l’on ne peut vérifier. La ministre allemande des Affaires étrangères dénonce également l’absence de “procès équitable”. Annalena Baerbock qualifie cette exécution de ”meurtre” de la part d’un régime iranien "inhumain" qui "utilise la mort contre sa jeunesse, sa propre population et les ressortissants étrangers". 

Jamshid Sharmahd est né à Téhéran. Il a grandi dans le nord de l’Allemagne où il a obtenu la nationalité allemande. Avant son enlèvement, il vivait aux Etats-Unis où il dirigeait sa propre entreprise d’informatique. 

"Personne n'est en sécurité sous le nouveau gouvernement" du président Massoud Pezeshkian, qui a pris ses fonctions en juillet, a aussi souligné la ministre allemande des Affaires étrangèresImage : mizan

Des exécutions en forte hausse 

Juste avant la fin de son procès, Jamshid Sharmahd avait reçu en Allemagne un soutien appuyé de Friedrich Merz. Le leader du parti conservateur CDU s’était engagé comme son “parrain politique”. En Allemagne, les députés qui acceptent un parrainage politique défendent leur cas dans l’opinion publique le plus souvent possible. L’objectif final étant de faire pression pour obtenir une libération. 

Friendrich Merz dénonce aujourd’hui un “crime haineux” et appelle à expulser l'ambassadeur iranien en Allemagne. Pour lui, les relations diplomatiques doivent être “rétrogradées” à un niveau inférieur. 

L’ONG Amnesty international appelle quant à elle le gouvernement allemand à émettre des mandats d'arrêt contre tous les responsables iraniens “qui ont été impliqués dans les crimes commis contre Jamshid Sharmahd". 

Amnesty avait dénoncé “l’effroyable vague d’exécutions qui a transformé les prisons iraniennes en lieux de massacre en 2023”, avec pas moins de 853 exécutions l’an dernier, un chiffre qui a quasiment triplé (+172%) par rapport à 2021.