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Les Centrafricains peu convaincus par le pétrole

Jean-Fernand Koena
7 juillet 2023

En décembre, le gouvernement avait annoncé vouloir forer du pétrole à Birao. Mais rien n'a été fait et les habitants redoutent une hausse de la violence.

Le pétrole est extrait à l'aide d'un système de pompage profond
L'extraction du pétrole est prometteuse d'emplois. Encore faut-il que les promesses soient tenues. Image : picture alliance/dpa

Voilà sept mois que le gouvernement centrafricain a annoncé vouloir se lancer dans l'exploitation du pétrole de Boromata, à Birao, capitale de la région de la Vakaga qui est frontalière avec le Soudan. Mais les travaux n'ayant toujours pas débuté, les jeunes, qui espéraient que ce projet allait leur apporter des emplois, commencent à douter. Le ministre des Mines, Rufin Benam Beltoungou, s'est efforcé de les rassurer : 

Rufin Benam-Beltoungou, ministre des Mines et de la GéologieImage : Evgeny Biyatov/SNA/IMAGO

"Les deux sociétés PTAS et Petial sont revenues à Bangui il y a de cela deux mois. Nous avons eu plusieurs réunions de travail à Bangui et nous avons jugé préférable de venir parler à la population pour expliquer que ces deux sociétés sont disposées à reprendre leurs activités. Nous avons eu des réunions avec les responsables de ces deux sociétés, ainsi qu'avec les responsables de l'ambassade de Chine. Ces derniers ont sollicité des garanties de notre part; garanties que nous avons offertes et aujourd'hui, nous allons travailler du point de vue technique non seulement sur l'installation du site mais aussi sur les activités qui vont être menées dans la préfecture de la Vakaga."

Craintes pour la sécurité 

Mais le discours du ministre n'a pas convaincu les jeunes de la ville. La Vakaga, sur le plan sécuritaire, est une zone rouge malgré la présence de l'armée centrafricaine, soutenue par les mercenaires du groupe Wagner. Les habitants redoutent que l'exploitation du pétrole ne se traduise par une hausse de la violence et de l'insécurité, comme cela existe dans les régions aurifères. 

"Nous demandons la paix avant tout" (habitant de Birao)

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Interrogés par la DW, les jeunes de Birao suggèrent ainsi au gouvernement centrafricain de résoudre la question de l'insécurité en premier lieu :

"C'est avec un immense plaisir que nous avons accueilli l'annonce de l'exploitation du pétrole. Mais le souci majeur de la Vakaga, c'est la sécurité. S'il y a la sécurité et qu'on exploite le pétrole, les gens auront de la richesse et vont circuler librement. Le cas contraire profiterait beaucoup plus aux bandits. Voilà notre inquiétude", explique cet habitant.  

"Avant qu'on exploite le pétrole et que l'on parle de son lancement, il faut fermer la frontière avec le Soudan et sécuriser la région", réclame un autre. "Nous demandons la paix avant tout. Nous avons tant attendu et ne savons quoi faire de la procédure en ce moment. Nous avons pris du retard et cette affaire du pétrole, nous en entendons parler depuis notre enfance. Nous prions pour que Dieu aide les autorités à achever le processus."

Défis techniques 

Sur le plan technique, l'installation n'est pas encore faite et les responsables chinois qui doivent lancer l'exploitation ne sont pas présents dans la ville. Interrogé à ce sujet, Robert Magoué, le préfet intérimaire de la Vakaga, affirme qu'il ne sait rien du projet qui est traité depuis Bangui :

"L'exploitation du pétrole relève du gouvernement centrafricain, cela ne relève pas de la préfecture, donc nous attendons des informations du gouvernement centrafricain."

Dans ces conditions, l'annonce du gouvernement est perçue à Birao comme un message politique, destiné à séduire la population à l'approche du référendum sur la modification de la Constitution, fin juillet.