Faire front...
15 avril 2010Karl-Theodor zu Guttenberg a mieux à faire que de répondre aux aboiements de l'opposition, lance la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Rendre hommage aux trois soldats allemands récemment tués, alors que de nouveaux sondages annoncent que presque deux Allemands sur trois exigent le retrait d'Afghanistan. Si Berlin ne parvient pas à mieux expliquer pourquoi ses soldats doivent risquer leur vie dans un pays étranger, la bataille pour l'Afghanistan est déjà perdue sur le front intérieur.
Quelle hypocrisie, semble penser la Süddeutsche Zeitung en prenant à partie Siegmar Gabriel, le SPD, qui exige que le Parlement allemand réexamine sa position sur l'envoi de soldats allemands en Afghanistan au motif qu'il s'agit maintenant d'une mission de guerre. Tous les députés SPD savaient, ou auraient dû savoir, ce qu'ils faisaient en autorisant cette mission en 2007. Le SPD ne peut pas dire maintenant qu'il ne savait pas. Par contre, les sociaux-démocrates ont parfaitement le droit de dire qu'ils ne veulent plus de cette mission.
Kundus, 13 heures 30, les cheveux sont toujours bien en place, ironise la Tageszeitung, singeant une publicité très connue en Allemagne sur un spray fixant pour femmes, pour légender la photo du Ministre allemand de la Défense arpentant d'une mine virile le tarmac de la base allemande en Afghanistan. Mais le quotidien de Berlin revient aussi sur le sommet de Washington sur la sécurité nucléaire et observe que personne, lors de ce sommet, n'a parlé des 400 nouvelles centrales nucléaires prévues dans le monde et des risques qu'elles représentent.
Un sommet dont la Frankfurter Rundschau tire le bilan en ces termes : c'était le sommet des petits pas. Le président américain voulait d'abord faire prendre conscience au monde de cette menace réelle qui faisait jusqu'à présent le beurre des productions hollywoodiennes. Mais ce scénario angoissant de matériel nucléaire tombant entre les mains de terroristes ne doit pas cacher que l'entente cordiale manifestée par tous les participants provient surtout du fait que tous les sujets qui fâchent dans la diplomatie nucléaire internationale ont été soigneusement évités.
Le dossier iranien est un baptême du feu pour Barack Obama et son combat contre la prolifération nucléaire, analyse die Welt. L'accord de la Chine et de la Russie aux sanctions voulues par Obama et Angela Merkel démontre la résolution et la capacité d'action de la communauté internationale. Mais l'objectif louable d'un monde sans armes nucléaires est une vision qui peut attendre. À Washington, l'heure était d'abord au pragmatisme.