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Fatimé Soumaïla, une jeune femme engagée

Blaise Dariustone
24 mars 2021

De confession musulmane, Fatimé Soumaïla est une militante très engagée au sein du parti Les Transformateurs de l’opposant Succès Masra.

Tschad Fatimé Abdelkerim Soumaila
Image : Blaise Dariustone/DW

Au Tchad, dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle du 11 avril prochain, la Deutsche Welle brosse le portrait de quelques jeunes militants de l'opposition et du parti au pouvoir. Vous retrouvez tous ces portraits sur notre site. Dans cet article, celui de  Fatimé Soumaïla.

Née le 3 décembre 1997 à Pala, le chef-lieu de la province du Mayo-Kebbi Ouest dans le sud-ouest du Tchad, Fatimé Soumaïla est titulaire d’une licence en sciences médicales obtenue en 2017. 
Faute d’emplois, elle s’est lancée dans l’entrepreneuriat. En raison de la situation politique de son pays qu’elle juge préoccupante, la jeune femme a décidé en 2019 de s’engager en politique. Elle adhère alors au jeune parti d’opposition Les transformateurs.
"J’entendais souvent parler du parti Les transformateurs sur les réseaux sociaux mais par peur et hésitation, je n’ai d’abord pas adhéré à ce parti. Mais un soir, j’ai suivi un documentaire qui m’a inspiré. Le documentaire parlait du courage, comment vaincre sa peur, la prise de conscience et j’ai pris ça comme une source d’inspiration qui m’a motivée. Je me suis dit : pas la peine d’avoir peur, il faut que je m’affiche officiellement. C’était ce même soir à 22 heures que j’ai fait mon adhésion en ligne au sein de ce parti. C’est ainsi que je me suis retrouvé avec Les transformateurs" explique la jeune femme.

Succès Masra le leader du parti Les transformateursImage : Blaise Dariustone/DW

Le portrait de Fatimé Soumaila à écouter

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Une ascension rapide et des difficultés

Charismatique et dotée d’une solide expérience dans le domaine de l’entrepreneuriat, Fatimé Soumaïla a connu une ascension rapide au sein du parti les transformateurs dont elle s’est vue confier le poste de trésorière générale. 
Mais selon elle, son engagement politique lui cause beaucoup d’ennuis. 
‘’Dès que je me suis affichée avec Les transformateurs, toutes les portes se sont fermées. J’ai même participé à des concours d’entrepreneuriat mais on ne m’a pas retenue. C’est à cause de mon engagement avec Les transformateurs. Que ça soit dans la fonction publique, dans les petites entreprises, tout le monde me dit : toi tu es avec l’opposition alors pourquoi veux-tu travailler avec nous ? ‘’
Les difficultés ne vont pas s’arrêter là pour Fatimé Soumaïla. Elle a été arrêtée le 6 février dernier lors de la marche pacifique contre le régime du président Deby, organisée par son parti.  
Elle a été incarcérée pendant plusieurs jours puis placée sous mandat de dépôt à la prison d’Amssinené, dans la banlieue de N’Djaména. Avant que la justice ne la déclare non coupable au terme d’un procès fleuve.
Elle fait l’objet depuis lors des critiques de ses compatriotes musulmans du Nord qui lui reprochent de militer dans un parti créé par un chrétien sudiste.
‘’Dès mon arrestation, on m’a dit : Fatimé toi tu es folle. Tu es une musulmane et tu veux aider un chrétien à prendre le pouvoir ? Cela m’a vraiment écœuré… J’ai compris que dans ce système on doit être dans un parti politique parce que le président est de notre religion. Mais est-ce que le Tchad est musulman ou le Tchad est-il chrétien ? Il n’est ni l’un ni l’autre. S’il faut choisir un citoyen par rapport à sa religion pour qu’il accède au pouvoir, c’est grave.’’ 

Fatimé Soumaïla s'inspire des actions de l'activiste Malala Yousafzai (photo).Image : Reuters/EIF/XQ Handout

Une source d'inspiration

Le modèle de Fatimé Soumaïla est l'activiste pakistanaise Malala Yousafzai, colauréate du prix Nobel de la Paix 2014 avec l’Indien Kailash Satyarthi. Malala Yousafzai s’était opposée aux talibans qui tentaient d’interdire la scolarisation des filles. 
"Malala Yousafzai, cette fille m’a marquée, elle est courageuse, elle n’avait que 16 ans mais elle a pu faire ça pour son pays et ses sœurs. Nous aussi on a des problèmes dans notre pays. Je voudrais prendre son courage comme modèle et dire à la jeunesse tchadienne de ne pas se laisser tromper, de ne pas se laisser instrumentaliser non plus. Certes, la vie est difficile mais on doit lutter contre les injustices, demander l’alternance au sommet de l'Etat. J’ai remarqué que beaucoup de jeunes n’osent pas lever le petit doigt parce qu’ils ont peur de n’avoir plus de travail. Mais on doit se sacrifier pour le bien commun de notre pays avant de réfléchir à son intérêt personnel’’ précise Fatimé Soumaïla.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
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