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Bensouda accusée d'avoir tu les crimes commis sous Jammeh

13 août 2019

La procureure générale de la Cour pénale internationale, ancienne ministre de la Justice sous Yahya Jammeh, est accusée d'avoir fermé les yeux sur certains crimes.

Niederlande Chefanklägerin beim Internationalen Strafgerichtshof in Den Haag | Fatou Bensouda
Image : picture-alliance/AP Photo/P. Dejong

La Commission vérité, réconciliation et réparations a été créée pour rendre compte des violations graves des droits de l’homme perpétrées sous le régime de Yahya Jammeh, entre juillet 1994 et janvier 2017.

Celle-ci continue ses auditions. Des anciens hommes de main de Yahya Jammeh, surnommés les « junglers », ont été entendus et certains d'entre eux n’ont pas hésité à avouer avoir participé à des assassinats.

Image : DW/O. Wally

Pour  Fatou Diagne Senghor, directrice régionale de l’organisation de défense des droits de l’homme "Article19", le passage des junglers (les hommes à tout faire de Yahya Jammeh) a été le fait marquant non seulement pour la Commission mais aussi l'avenir du pays.

"Le passage des junglers a révélé une bonne partie des atrocités commises sous le régime de Yahya Jammeh avec les meurtres organisés. Ce qui a choqué le pays au-delà du nombre, c’est l’atrocité et le système mis en place."

Le rôle de Fatou Bensouda

Les junglers formaient un groupe d'une quinzaine de militaires. Ils ont été détachés de la présidence. Leurs victimes étaient aussi de passage devant la Commission.

Certaines exigent la comparution de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), la Gambienne Fatou Bensouda, qu’elles accusent de complicité pour son silence au moment où elle était procureur principale puis ministre de la Justice de Yahya Jammeh.

Pour l'établissement de la vérité, c'est important, explique Fatou Diagne Senghor de l’ONG "Article 19".

Image : picture-alliance/AP Photo/B. Czerwinski

"En fonction du degré de responsabilité, chacun doit pouvoir répondre de ses actes. Les personnes citées doivent aussi pouvoir répondre devant la commission parce que c’est une nouvelle page de l’histoire du pays qui est en train d’être ouverte."

Fatou Bensouda a été procureure puis ministre de la Justice dans son pays entre 1996 et 2000 sous Yahya Jammeh. Deux témoins l'ont publiquement mis en cause devant la Commission vérité, réconciliation et réparations.

Des accusations qui, selon Senghane Senghor, le secrétaire général de la Rencontre africaine des droits de l’homme, la RADDHO, ne suffisent pas pour inquiéter la procureure de la CPI.

"On peut l’accuser de complicité si toutefois on a établi des relations entre les faits et la responsabilité directe de la personne. En justice pénale internationale, il faut une responsabilité pénale individuelle et directe. Les junglers n’étaient pas sous l’égide de la justice."

Mais pour certains, le simple fait d’avoir servi sous Yahya Jammeh, sans jamais avoir dénoncé les crimes évoqués en ce moment par la Commission vérité et réconciliation, disqualifie Fatou Bensouda pour son poste à Cour pénale internationale.