Fatou Bensouda, la procureure de la CPI, sous pression
18 novembre 2016"D’abord l’Afrique du Sud, puis le Burundi et la Gambie, le pays natal de la procureure et maintenant la Russie. La Cour pénale internationale de La Haye perd des membres l’un après l’autre, constate la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Nombreux sont ceux qui donnent une grosse part de responsabilité à sa procureure Fatou Bensouda. Les Africains lui reprochent de mener une campagne judiciaire visant les seuls dirigeants africains. On se pose la question de savoir si avec Fatou Bensouda, ce n'est pas la fausse personne qui occupe un faux poste. Quatre ans après son entrée en fonctions, il faut constater que la juriste gambienne n’a pas vraiment été couronnée de succès.
Le quotidien de Francfort rappelle par exemple que le président soudanais Omar al Bechir se moque régulièrement du mandat d’arrêt prononcé contre lui en 2009; la procédure concernant un génocide présumé au Darfour est toujours en attente. Et en ce qui concerne les procédures contre le président kényan Uhuru Kenyatta et son vice président William Ruto pour des crimes contre l’humanité lors de troubles postélectoraux de 2007, ces procédures n’ont jamais abouti! De l’avis de tous, Fatou Bensouda s’est ridiculisée.
Le quotidien Neues Deutschland relève lui que jusqu’ici, la Cour pénale internationale s’est le plus souvent penchée sur des crimes de guerre commis par des Africains. Mais cette semaine, juste avant l’ouverture de la session annuelle de la CPI, la procureure de la Cour a évoqué les atteintes aux droits de l’Homme commises par des militaires afghans comme par des Talibans, mais aussi par des militaires américains en Afghanistan. La démarche de Fatou Bensouda envoie un signal clair aux 124 Etats qui ont ratifié le Statut de Rome", estime le quotidien.
Autre thème : les rapports entre l'UE et les pays africains
Le quotidien Die Zeit évoque l’interdépendance entre l’agriculture européenne et l’agriculture africaine, une interdépendance qui se fait le plus souvent au détriment des pays africains.
Parmi toutes les raisons qui poussent les jeunes Africains à émigrer en masse vers l’Europe, le quotidien de Hambourg cite et dénonce la politique agricole des pays occidentaux, l’élevage intensif et la surpêche des mers par les Occidentaux. Cet état de choses doit cesser, car il est nuisible à l’Afrique, explique l’éditorialiste.
L’agriculture industrielle en Europe, orientée sur l’exportation continue de bénéficier de subventions massives insensées. Ainsi, par exemple, la tomate cultivée au Ghana ne peut en aucun cas concurrencer les importations bon marché en provenance d’Europe. Des traités commerciaux injustes forcent les états africains à lever des taxes à l‘importation, ce qui augmente la pressions sur leur agriculture locale.
Par ailleurs, l’agriculture industrielle et l’élevage intensif est l’ennemi numéro 1 du climat après la houille et le charbon. L’OIM, l’Organisation Internationale pour les Migrations estime que d’ici à 2050, on dénombrera plus de 200 millions de réfugiés climatiques fuyant les inondations, la montée du niveau de la mer, les sécheresses, les tempêtes et les vagues de chaleur…La demande croissante de viande bon marché provoque la déforestation partout dans le monde. Des multinationales achètent les terres, qui manquent aux agriculteurs locaux. Et pour des millions d’hommes et de femmes qui vivent de la pêche dans les pays africains, le travail n’en vaut plus la peine, le poisson devient rare et son prix élevé. C’est pourtant pour de nombreux Africains la seule source de protéines et il est transporté jusque dans le Sahara. Pourtant, critique le journal des accords de pêche entre l’UE et les états africains se font au désavantage de la pêche locale. De grandes flottes de pêche de l’UE et d’autres pays pillent les ressources halieutiques au large des côtes africaines.
Die Zeit conclut par un appel pressant à l’adresse de Bruxelles et des capitales européennes pour qu'elles développent enfin une nouvelle politique européenne, équilibrée et commune avec les pays partenaires en Afrique…