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Femmes de pouvoir en Allemagne

Sandrine Blanchard | Marcel Fürstenau
26 février 2018

Dans la lignée de la chancelière allemande, de plus en plus de femmes font carrière en politique en Allemagne. Une chose qui aurait été impensable il y a 25 ans.

Bundesdelegiertentag der Frauen Union der CDU
Image : picture-alliance/dpa/P. Steffen

Angela Merkel a été désignée par le magazine Forbes comme la femme la plus puissante du monde à onze reprises. La carrière de la chancelière est unique pour une femme en Allemagne et le paysage politique allemand tend à se féminiser, une évolution qui aurait été impensable il y a 25 ans encore.

Femmes, femmes, femmes

Si l'accord de coalition est validé par les militants de la CDU et du SPD, Angela Merkel, 63 ans, va rempiler pour un nouveau mandat de chef du gouvernement. Mais la chancelière n'est pas la seule femme à occuper de hautes fonctions en politique : il y a Ursula von der Leyen, la ministre de la Défense, la ministre-présidente du Land de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer, celle du Mecklembourg-Poméranie antérieure Manuela Schwesig, la présidente du SPD, Andrea Nahles, la tête de file de la gauche de Die Linke, Sahra Wagenknecht, et celle du groupe parlementaire de l'AfD, Alice Weidel… pour n'en citer que quelques-unes.

Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (FDP)Image : Reuters/H. Hannschke

Un état de fait qui n'étonne plus en 2018 mais qui aurait été difficilement envisageable dans les années 1990. Sabine Leutheusser-Schnarrenberger en sait quelque chose : elle a été la première femme à occuper un ministère-clef, c'était en 1991, celui de la Justice, dans le gouvernement d'Helmut Kohl. Elle qui longtemps a dû supporter l'étiquette de "fille de Kohl", car l'on ne s'imaginait pas qu'une femme puisse faire carrière en politique sans mentor, se souvient qu'"à l'époque, on n'aurait jamais pensé qu'une femme allait rester douze ans chancelière, ou présidente". Certes, la pionnière reconnaît que "depuis, l'acceptation générale des capacités des femmes s'est bien améliorée"  mais aujourd'hui, les femmes ne représentent que 31% des députés du Bundestag. En France, l'Assemblée nationale compte près de 39% de femmes.

Sahra Wagenknecht (Die Linke)Image : Reuters/H.Hanschke

C'est plus facile pour un homme de tout concilier

Quant à Angela Merkel, voilà ce qu'elle déclarait en 1991 dans une interview à la DW, elle dirigeait alors le ministère de la Femme :

"C'est plus facile pour les hommes de dire « Je veux faire carrière, me marier et avoir des enfants ». Ça paraît normal à tout le monde mais cela se fait souvent au détriment de la femme."

La chercheuse Margreth Lünenborgs souligne qu'en Allemagne, les femmes ont tendance à prendre les rênes en main en période de crise – comme les « Trümmerfrauen » qui ont reconstruit le pays dévasté après la guerre.

En devenant chancelière, Angela Merkel n'a pas joué de sa féminité. Elle s'est évertuée à ne PAS incarner la figure maternelle, à neutraliser sexuellement sa fonction. D'ailleurs, elle n'a pas d'enfants. Et pourtant, elle s'est vu affubler le sobriquet de "Mutti", "maman".

Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU)Image : picture-alliance/dpa/K. Nietfeld

Une successeuse?

Quand elle quittera la chancellerie, Angela Merkel pourrait devenir la première femme présidente fédérale. Et déjà, elle a présenté il y a peu Annegret Kramp-Karrenbauer comme la future secrétaire-générale de la CDU, un poste considéré comme un tremplin vers de plus grandes responsabilités. Annegret Kramp-Karrenbauer, d'ailleurs, c'est une femme aussi.

A noter toutefois que dans les entreprises privées, les femmes ont beau représenter la moitié des employés, elles ne sont plus que 24% parmi les dirigeants.