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La journaliste burundaise Floriane Irangabiye sort de prison

16 août 2024

Graciée par le président du Burundi, la journaliste radio critique du pouvoir aura passé deux ans derrière les barreaux.

Un prisonnier regarde à travers une porte de prison au Burundi
De nombreuses voix critiques sont toujours derrière les barreaux au BurundiImage : Ute Grabowsky/picture alliance

"C'est une joie immense pour sa famille et ses soutiens", raconte un proche du dossier. La journaliste Floriane Irangabiye a enfin été libérée de prison ce vendredi après-midi, 16 août. Graciée par le président, Evariste Ndayishimiye, le 14 août, la journaliste purgeait une peine de 10 ans d'emprisonnement pour "atteinte à l'intégrité du territoire national", prononcée en janvier 2023.

La journaliste radio aura passé deux années derrière les barreaux. L'organisation de défense des journalistes Reporters Sans Frontière dénonçait depuis le départ des accusations montées de toutes pièces pour faire taire la professionnelle qui émettait des émissions critiques du Burundi depuis le Rwanda. Floriane Irangabiye vivait dans le pays voisin, mais avait été arrêté lors d'une visite au Burundi en 2022.

"On se réjouit, mais c'est dramatique de voir la libération d'une journaliste comme une victoire, on ne devrait pas vivre cela", réagit de son côté le président de l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la torture (Acat) du Burundi, Armel Niyongere.

Une autre journaliste toujours emprisonnée

Reporters Sans Frontières appelle désormais à libérer aussi Sandra Muhoza, une autre journaliste burundaise, arrêtée en avril, après avoir partagé des informations "mettant en cause des personnalités du pouvoir".

L'ONG dénonce un climat de travail toujours très, très compliqué pour les journalistes "Il y a beaucoup de journalistes qui s'autocensurent", raconte, depuis le Sénégal, Sadibou Marong, directeur du bureau de Reporters sans frontière pour l'Afrique subsaharienne. "Il faut le faire pour pouvoir rester, disons, libres", déplore-t-il. "Ainsi certains sujets sont plus ou moins considérés comme tabous et les journalistes ne peuvent pas les traiter de manière indépendante sans risque de représailles."

Des représailles physiques, menées, par exemple, par des jeunes du parti au pouvoir, des Imbonerakure régulièrement mis en cause aussi jusqu'à l'ONU pour leurs violences. "Ils sont souvent assez armés, ils peuvent faire des exactions", confirme Sadibou Marong qui suit de près ces dossiers. "Ces exactions, ce sont une sorte de tabou pour certains journalistes. Et ça développe l'autocensure. Parler de cela pourrait un peu mener les journalistes à la prison."

D'autres voix critiques derrière les barreaux

Depuis son arrivée au pouvoir, en 2020, Evariste Ndayishimiye multiplie les signaux contraires en faveur et contre les libertés individuellesImage : Rafiq Maqbool/AP/picture alliance

Et il n'y a pas que des journalistes en prison. Armel Niyongere, cite aussi des cas de syndicalistes, de médecins ou de défenseurs des droits humains. "Malgré les promesses du président Evariste Ndayishimiye (en 2021, ndlr) de libérer tous les prisonniers politiques, nous constatons que les violations des droits humains persistent à un niveau alarmant", insiste-t-il. "Les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, la torture et les détentions arbitraires continuent de faire partie du quotidien pour de nombreux Burundais. Il est impératif que le gouvernement burundais passe des paroles aux actes."

Des actes que tous attendent avec impatience sur place, alors que des élections législatives et municipales doivent se dérouler en 2025.

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