Forces et faiblesses du Parlement européen
2 juin 2009Cela fait tout juste trente ans que les députés du Parlement européen sont élus au suffrage universel. Mais au fil des scrutins, tous les quatre ans, l'Europe peine de plus en plus à mobiliser. Selon un récent sondage, moins de la moitié des 375 millions d'électeurs européens ont l'intention de déposer leur bulletin dans l'urne. Pour la politologue Jacki Davis, du centre de recherche politique de Bruxelles, il y a une raison simple à ce désamour :
"A chaque élection européenne, vous avez 27 campagnes électorales avec des thèmes nationaux. Les électeurs ne votent pas pour l'Europe, mais sanctionnent un gouvernement qu'ils n'aiment pas ou votent pour d'autres sujets nationaux. Il n'est donc pas étonnant que les électeurs ne comprennent pas la signification du Parlement européen puisque les gens qui sont élus au Parlement ne font pas campagne avec des thèmes européens."
736 députés venus des quatre coins de l'Union siègeront au prochain Parlement européen. Tantôt à Strasbourg, tantôt à Bruxelles, les élus sont chargés d'adopter les lois proposées par la Commission, un rôle qu'ils partagent avec le Conseil des ministres qui représente les 27 gouvernements membres de l'Union. Contrairement aux parlements nationaux, le Parlement européen n'a pas de véritable majorité ni opposition. C'est le jeu des alliances qui permet à tel ou tel projet d'être adopté. Les conservateurs et les socialistes forment la plupart du temps une grande coalition et les voix des seuls députés ne comptent pas vraiment. Leur véritable rôle consiste à siéger dans les commissions spécialisées chargées d'étudier les projets de loi et de les rapporter au reste de l'Assemblée. Malgré ces compétences, le député autrichien Hans Peter Martin regrette que le Parlement n'ait pas davantage de pouvoirs, notamment celui de légiférer :
"A Bruxelles, ce n'est malheureusement pas le Parlement qui a le pouvoir. Ce sont des fonctionnaires et des lobbyistes qui décident en réalité de la plupart des choses. Quand on prend conscience de cela, on voit l'urgence de remettre complètement en question le projet européen. Sinon, ce sera la fin des démocraties, remplacées par cette pseudo-démocratie que nous laissons s'installer à Bruxelles. Or nous avons besoin de plus de démocratie et non de moins."
Quand on entend parler des députés européens dans les médias, c'est généralement au sujet de leurs émoluments ou de leurs retraites jugés trop élevés ou à propos de fausses déclarations sur leurs frais de voyage. Pourtant, l'administration du Parlement rappelle volontiers que cet organe est somme toute assez peu cher : rapporté aux 500 millions de citoyens de l'Union européenne, le Parlement coûte seulement trois à quatre euros par an au contribuable européen.