Forts soupçons sur le fichier électoral en Guinée
20 février 2020L'opposition politique en Guinée affirme que le fichier électoral actuel a connu une rallonge de près de trois millions d'électeurs.
Ces faits concerneraient essentiellement la Haute Guinée, bastion naturel du parti au pouvoir. A Kankan par exemple, le nombre d'électeurs se serait accru d'un million de votants potentiels en neuf ans.
Selon Amadou Oury Souaré, habitant de Kankan, l'accroissement du nombre d'électeurs est notamment la conséquence de l'enrôlement de centaines de mineurs. "Il y a eu des enfants de moins de 18 ans qui ont été recensés", dénonce-t-il.
"Ces enfants se rendent dans leur circonscription pour récupérer leur carte. Au-delà de ces enfants, il y a le cas des personnes décédées qui sont toujours inscrites sur les listes électorales", ajoute ce citoyen guinéen.
Recensement massif de mineurs
La coalition de l'opposition, qui boycotte le scrutin législatif et le référendum sur la nouvelle constitution, dénonce un recensement massif de mineurs par le camp présidentiel. En Guinée, le nombre d'électeurs aurait augmenté de 176%.
Certains dénoncent qu'au moment où le pouvoir s'assure des recensements frauduleux dans les zones qui lui sont favorables, les localités réputées fiefs de l'opposition seraient écartées du processus d'enregistrement des électeurs.
Il y a quelques jours sur les antennes de la DW, l'écrivain guinéen Tierno Monenembo, proche de l'opposition, affirmait que "le fichier électoral a été complètement tripatouillé. En moins de cinq ans, le corps électoral guinéen a augmenté de trois millions de personnes. Tous les fiefs favorables au pouvoir ont été surdimensionnés. Kankan est aujourd'hui plus peuplé que Conakry".
La Commission électorale se défend
Pour la Commission électorale, il est hors de question de revenir sur la taille du fichier électoral.
La Ceni assure avoir tout mis en œuvre, pendant trois mois, afin que chaque électeur se présente auprès des structures chargées de l'enrôlement.
Réunies sous la bannière du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), les principaux partis de l'opposition et organisations de la société civile ont renoncé à déposer des listes de candidats en vue des législatives fixées au 1er mars 2020.
Le FNDC s'oppose à un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, âgé de 82 ans. Le président guinéen achève fin 2020 son deuxième et, en principe, dernier quinquennat.