Gabon : les chantiers qui attendent Oligui Nguema
28 avril 2025
Au Gabon, la Cour constitutionnelle a confirmé vendredi (25.04), la victoire dès le premier tour du général Brice Clotaire Oligui Nguema. Selon ces résultats définitifs, il obtient 94,85% des voix, soit une progression de près de 5% par rapport aux résultats provisoires rendu public par le ministère de l'Intérieur, deux jours après la présidentielle du 12 avril. Son principal challenger, Alain-Claude Bilie By Nze, le dernier Premier ministre du président déchu, Ali Bongo Ondimba, a, lui, obtenu 3,11% des suffrages, contre les 3,02% annoncés lors des résultats provisoires. L'ancien fonctionnaire international et actuel consultant, Tidiane Dioh, revient sur les chantiers qui attendent le nouveau président élu.
Tidiane Dioh : La première priorité, qui est presque de l'ordre de la morale ou de l'éthique, c'est qu' il doit montrer qu'il n'est pas un accident de l'histoire.
Il a fait le coup d'État, il doit montrer que c'est maintenant le président qui a été élu de manière tout à fait légitime.
Il doit prouver que le score qu'il a obtenu et le taux de participation élevé ne sont pas le fruit de la fraude comme l'affirme une partie de l'opposition.
Ensuite, il doit remettre de l'ordre dans le pays. Son prédécesseur Ali Bongo Odimba, lorsqu'il a été élu en 2009, avait aussi eu beaucoup de bonnes idées qu'il n'a pas pu mettre en œuvre.
Et parmi ces bonnes idées, il y avait justement l'idée de remettre de l'ordre dans le pays, de faire cesser un certain nombre de rentes, de situations qui existaient dans le pays et qui profitaient à une poignée de famille des oligarchies,.
Le nouveau président doit aussi remettre l'économie en marche. Le Gabon est un pays extrêmement riche. Mais, ces richesses ne sont pas exploitées à la mesure de l'importance stratégique et surtout du poids que ce pays devrait avoir dans la sous-région d'Afrique centrale et dans le monde.
DW : plusieurs cadres du Parti démocratique gabonais PDG, l'ancien parti au pouvoir) ont apporté leur soutien au général Brice Clotaire Oligui Nguema lors de la dernière présidentielle. Est-ce qu'il ne leur est pas redevable ?
Tidiane Dioh : C'est la grosse équation. J'ai l'habitude de dire que lorsqu' on a une grande coalition électorale autour de soi et qu'on est élu, la première difficulté c'est de gérer cette coalition électorale.
Est-ce qu' il va tenter, comme ça a été fait ailleurs, de distribuer des postes, ce qui est toujours très compliqué. Ou, est-ce qu'il va essayer de faire comprendre à tous ceux qui l'ont soutenu qu'il n'a pas été élu pour redistribuer des parts de gâteau. Ce sera très compliqué. Car, ces personnalités risqueraient de ne pas le soutenir lors des prochaines élections législatives. Cependant, s'il décide de composer avec tous ces soutiens, il aura de l'embarras.