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Au Gabon, le général Oligui a prêté serment

Reliou Koubakin | Avec agences
4 septembre 2023

Au Gabon, le chef des putschistes a prêté serment ce lundi comme président de transition. Retour sur les conditions de sa prise de pouvoir.

Le général Brice Oligui Nguema
Brice Oligui Nguema pendant sa prestation de sermentImage : AFP/Getty Images

Le général Brice Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo il y a cinq jours au Gabon, a prêté serment ce lundi comme président de "transition"  dont la durée n'a pas encore été fixée. La semaine dernière, il a promis  d'installer des "institutions plus démocratiques" avant des "élections libres".

Depuis le putsch de mercredi, il s'affiche chaque jour entouré des généraux et colonels commandant les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police. En dehors d'une frange de l'ancienne opposition, qui l'exhorte à lui remettre le pouvoir, la population semble majoritairement afficher, dans de petites manifestations quotidiennes, sa gratitude envers une armée qui l'a "libérée du clan Bongo". 

L'opposition, divisée

Après le coup d'Etat au Gabon, l'ancienne opposition au président Ali Bongo est tiraillée entre son candidat  consensuelle Albert Ondo Ossa, qui revendique mordicus la victoire à la présidentielle du 26 août, au risque de s'isoler, et ceux qui n'entendent pas rester spectateurs de la "transition" militaire.

Dimanche (04.09), les ténors de la coalition Alternance 2023 ont été chaleureusement reçus par le général Brice Oligui Nguema en l'absence  d'Albert Ondo Ossa.

Albert Ondo Ossa continue d'exiger sa victoire à la dernière présidentielleImage : Steeve JORDAN/AFP

Dans les rangs des partis d'Alternance 2023, de premières fissures apparaissent, certains jugeant "radicale" l'exigence de Albert Ondo Ossa, craignant aussi de manquer le train de la transition. "Il faut être dans le jeu", affirme  un membre important du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM). 

Pour sa part, Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre d'Ali Bongo, et rival de Albert  Ondo Ossa dans Alternance 2023 avant de se désister pour lui, a publiquement pris à contrepied le professeur d'économie, qui exige d'achever le décompte des bulletins. 

Comment le coup d'Etat est arrivé?

Le coup de force qui a renversé le 30 août, le président Ali Bongo Ondimba est survenu dans un contexte marqué par les critiques de l’opposition qui dénonçaient les conditions d’un scrutin manipulé par le pouvoir en place. Alors que des signes avant-coureurs d’un possible putsch avaient été remarqués. 

Avant le coup d’Etat du mercredi 30 août, Ali Bongo, le désormais ex-locataire du palais du bord de mer, se dirigeait tranquillement vers sa réélection pour un troisième mandat. Tout semblait balisé pour un mandat de cinq ans. 

Image : Gerauds Wilfried Obangome/REUTERS

Restrictions

Le jour même de l’élection, internet a été coupé, le couvre-feu instauré, des médias étrangers suspendus. Les élections générales se dérouleront sans observateurs internationaux. 

Au Gabon, l’opposition crie au changement des règles du jeu en pleine compétition. En effet, trois semaines avant le scrutin est adoptée la réforme du bulletin unique. 

L’électeur qui vote pour un candidat à la présidence devait ainsi obligatoirement choisir un député issu du même parti que le candidat présidentiel. 

L’opposition a dénoncé une manière de discriminer les candidats indépendants. 

Autre sujet de crispation : la modification de la Constitution intervenue début avril, à la suite d’un forum de concertation organisé deux mois plus tôt. 

Ali Bongo Ondimba, a été élu le 16 octobre 2009Image : TP advisers on behalf of the President's Office/AP Photo/picture alliance

Les opposants ont vu dans cette révision une manœuvre destinée à faciliter la réélection d'Ali Bongo à une majorité relative. En effet, cette révision, validée à 86% par le Parlement et le Sénat réunis en Congrès a certes remplacé le septennat par un quinquennat. Mais elle a instauré un scrutin à un tour au lieu de deux. 

En 2016, Ali Bongo l’avait officiellement emporté de 5.500 voix face à Jean Ping qui a longtemps revendiqué sa victoire à l’élection présidentielle. 

L'annonce de la réélection d'Ali Bongo avait alors provoqué des violences inédites au Gabon. 

Cette fois, l’armée a donc pris le pouvoir et les putschistes ont mis en avant, pour justifier leur coup de force, à la fois une élection truquée et la crise économique qui frappe le pays.

Les explications de Reliou Koubakin

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Selon l’opposition, le fossé se creuse entre les riches et les pauvres dans l’un des pays pourtant les plus prospères d’Afrique. Réunis au sein de la coalition Alternance 2023, les opposants ont soif de changements après plus de 50 ans de dynastie Bongo. 

Le putsch manqué du 7 janvier 2019, en pleine convalescence d’Ali Bongo Ondimba suite à son AVC, donnait déjà les indices d’un nouveau rapport de force au sommet de l’Etat. 

Après son vote, le principal opposant, Albert Ondo Ossa, avait mis en garde le pouvoir, déclarant que les dirigeants se trompaient s’ils pensaient que la garde présidentielle et l’armée étaient avec eux. C’est le moment pour Ali Bongo de partir, avait indiqué Albert Ondo Ossa. 

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