A Gaza, la recherche des milliers de portés disparus
18 juin 202437.372 morts, c'est le dernier bilan donné par le ministère de la Santé de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a plus de huit mois.
Ils seraient par ailleurs 85.452 blessées dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre. Mais il y a aussi ceux dont on est sans nouvelle, des portés disparus que leurs proches recherchent activement, mais sans grand succès pour plusieurs raisons.
"Personne ne sait rien"
Muhammad Anza a 19 ans. Originaire de Rafah, une ville proche de la frontière égyptienne avec la bande de Gaza, il recherche depuis des semaines son oncle, Ibrahim Al-Shaer, disparu début mai.
Lorsque l'armée israélienne a lancé une offensive dans l'est de Rafah, le 6 mai, pour éliminer le Hamas, l‘oncle de Muhammad et sa famille ont reçu l'ordre de quitter leur domicile.
Selon Muhammad, son oncle a tenté de revenir quelques jours plus tard pour vérifier l'état de leur maison et récupérer certains objets que la famille n'avait pas eu le temps d'emporter. Depuis, il n'a plus de nouvelles de lui.
La famille a contacté la police, la Croix-Rouge et les comités locaux, mais "personne ne sait rien".
La famille, comme beaucoup d'autres, a publié une photo et une description des circonstances de la disparition d'Al-Shaer sur les réseaux sociaux.
Avec la guerre entre Israël et l'organisation terroriste du Hamas, des milliers de personnes sont actuellement portées disparues dans l'enclave palestinienne. Beaucoup ont disparu sous les décombres après les frappes aériennes. Les services de secours ne sont pas toujours en mesure d'atteindre les zones en raison des combats, ni d'exhumer les corps faute de matériel.
D'autres auraient été arrêtés aux points de contrôle israéliens alors qu'ils tentaient de retourner vers le nord de Gaza ou de fuir vers le sud.
Bien que le nombre exact de personnes disparues soit incertain, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a enregistré 6.500 cas de personnes disparues à Gaza depuis le début du conflit.
Sarah Davies, chargée de communication du CICR à Jérusalem, explique ainsi que son organisation a ouvert des lignes d'assistance téléphonique pour permettre aux gens d'appeler s'ils ont des proches portés disparus, en cas de détention ou d'arrestation, s'ils ont été séparés lors des évacuations, ou s'ils ont pu être blessés ou tués.
Mais en raison de la guerre, les recherches restent assez limitées. Même les corps récupérés et amenés dans les morgues de Gaza ne sont pas toujours faciles à identifier.
Des efforts pour retrouver les disparus
Les lignes de communication instables et les pertes de téléphones rendent parfois encore plus difficile l'accès aux personnes. Le CICR dispose de cinq opérateurs téléphoniques à Gaza qui recueillent des informations de base auprès des personnes recherchant leurs proches, comme le lieu où ils ont été vus pour la dernière fois.
Un spécialiste des recherches rappelle alors les familles et tente de constituer un dossier.
Les noms des disparus sont recoupés avec les listes des rares hôpitaux qui fonctionnent encore ou avec les listes des détenus relâchés à Gaza par Israël.
Depuis le 7 octobre, Israël a arrêté des milliers de Palestiniens à Gaza et les a transférés dans des centres de détention en Israël.
Contactée par la DW pour avoir des réponses au sujet des allégations selon lesquelles Israël détiendrait des personnes sans en informer leurs familles, l'armée israélienne n'a pour le moment pas donné de réponse.