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La Namibie commémore le génocide des Hereros et des Namas

28 mai 2025

Considéré comme le premier génocide du XXe siècle, ce massacre commis par l'Allemagne coloniale a entraîné la mort d’environ 60 000 Hereros et 10 000 Namas.

Manifestation à Windhoek. L'opposition namibienne veut renégocier l'accord signé avec le gouvernement fédéral sur le génocide des Hereros et des Namas
Entre 1904 et 1908, les troupes coloniales allemandes ont réprimé dans le sang les révoltes des Hereros et des Namas contre la spoliation de leurs terresImage : Hitradio Namibia

Une marche funèbre dans la capitale Windhoek, une minute de silence dans tout le pays, des expositions, des tables rondes et des activités culturelles traditionnelles ont notamment marqué cette journée du 28 mai.

Le jour de commémoration du génocide doit être, selon le gouvernement namibien, un moment de deuil national pour garder en mémoire les atrocités commises par la puissance coloniale allemande. Et une étape sur la voie de la guérison des blessures d'autrefois. 

"Nous devrions célébrer cette journée pour nous souvenir de ceux qui ont perdu la vie et pour rappeler la pauvreté et les privations qui ont accompagné cette perte. Il s'agit donc d'honorer nos ancêtres, dit Charles Eiseb qui a contribué à la préparation de la première journée du génocide en tant que représentant des groupes ethniques concernés.

Un régime de terreur 

De 1884 à 1915, les colonisateurs allemands ont exercé un régime de terreur dans le "Schutzgebiet Deutsch-Südwest-Afrika", l'actuelle Namibie. La population indigène était opprimée, exploitée et enfermée dans des camps. 

En 1904, le groupe ethnique Herero commença à se défendre contre l'occupant. Les Namas se joignirent à la révolte. Les troupes allemandes réagirent avec une grande brutalité. Des dizaines de milliers de personnes ont été victimes de la campagne d'extermination menée sous le commandement du lieutenant-général Lothar von Trotha.

Le 28 mai est désormais un jour férié national dédié à la mémoire des peuples Herero et Nama, victimes d’un génocide colonial oublié pendant plus d’un siècleImage : IPON/IMAGO

Le choix de la date du 28 mai

Pour commémorer cette tragédie historique, le parlement de Windhoek avait déjà demandé, en 2006, l'instauration d'un jour de commémoration, mais ce n'est que l'année dernière et après de nombreuses discussions controversées que le gouvernement namibien s'est accordé sur le 28 mai. 

Ce jour-là, en 1907, les Allemands avaient annoncé la fermeture des camps d'internement. Cette décision a suscité de vives critiques de la part des représentants des groupes ethniques concernés. Car même après 1907, l'oppression et la violence auraient continué.

"Cela fait partie de l'agenda des dirigeants namibiens de nier l'histoire. Nous le rejetons catégoriquement. C'est un jour où une annonce a été faite parce que la pression sur les Allemands était devenue trop forte. La pression de leur propre peuple qui avait peur que le génocide ne ruine l'image de la puissance coloniale allemande", a déclaré à la station Eagle FM Nandi Mazeingo, président de la Fondation Ovaherero pour le génocide.

Les Hereros plaident plutôt pour le 2 octobre 1904, date à laquelle Lothar von Trotha a émis le premier ordre d'extermination. Les Namas sont pour le 22 avril 1905, car l'ordre a été étendu à leur groupe ethnique ce jour-là.

Charles Eiseb, qui se considère comme le représentant des deux parties, estime que la critique du 28 mai comme jour de commémoration est erronée.

"Ce n'est pas la journée des Hereros ou des Namas. Elle est non partisane. Dans les camps de concentration, il y avait des Namas et des Hereros. C'est pourquoi c'est une décision appropriée", explique Charles Eiseb.

La Namibie veut entamer un "chemin de guérison", avec cette première commémoration officielleImage : akg-images/picture alliance

Emma Theofelus, la ministre namibienne de l'information, est du même avis. Selon elle, cette journée de commémoration est importante et tous les habitants du pays devraient y participer.

"Pour se souvenir des atrocités commises contre les Namas et les Hereros et pour apprendre ou corriger ce que nous pensons savoir sur le génocide, afin que nous puissions nous unir derrière lui, face aux injustices qui persistent et aux négociations en cours avec l'Allemagne".

Il y a quatre ans, les représentants des deux pays s'étaient mis d'accord sur une déclaration commune. Dans cette déclaration, le gouvernement fédéral reconnaît officiellement les crimes allemands comme un génocide et veut notamment débloquer plus d'un milliard d'euros pour des projets sociaux, afin d'aider les descendants des victimes du génocide. 

L'accord dit de "réconciliation" n'a toutefois pas encore été mis en œuvre. Une grande partie des Namas et des Hereros, se sentant ignorés lors des négociations, rejette l'accord et exige, au lieu d'une aide au développement supplémentaire, des réparations contraignantes en droit international. Mais la partie allemande n'est pas prête à le faire.  

La présidente namibienne Netumbo Nandi-Ndaitwah a répété ce mercredi ses demandes de réparation à l'Allemagne lors de la première commémoration officielle de ce génocide.

"Nous devrions trouver un certain réconfort dans la reconnaissance par le gouvernement allemand d'un génocide commis par ses troupes coloniales contre les peuples de notre terre", a déclaré la première femme présidente du pays lors de la cérémonie organisée dans les jardins du parlement.

Considéré comme le premier génocide du XXe siècle, ce massacre a entraîné la mort d’environ 60 000 Hereros et 10 000 Namas.