Gessica Généus choquée par la mort du président haïtien
Mireille Dronne | Avec agences
9 juillet 2021
Gessica Généus est une jeune réalisatrice haïtienne. Dans une interview à la DW, elle se prononce sur l'assassinat du président Jovenel Moïse.
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Gessica Généus est présente à la 74ème édition du Festival de Cannes, où elle défend son film "Freda". Le long métrage est dans la sélection "Un Certain Regard".
Comme de nombreux Haïtiens, elle est sous le choc de l'assassinat du président Jovenel Moïse. Un président qui a été tué à son domicile par un commando armé vers 01H00 locale, dans la nuit de mardi à mercredi.
"Je n'ai pas compris que des gens puissent sortir de nulle part et s'introduire chez le président et le tuer", dit-elle, dans une interview à la DW. "Avant le président Jovenel, il y a eu plusieurs assassinats dans le pays, on criait depuis trois ans", ajoute la réalisatrice. Ci-dessous, l'interview avec Gessica Généus.
Plusieurs dirigeants, à travers le monde, ont aussi connu le même sort que le président Jovenel Moïse. La DW, vous en donne un aperçu en images.
10 dirigeants assassinés au cours de leur mandat
L’assassinat du président haïtien nous rappelle que partout dans le monde, et particulièrement en Afrique, certains dirigeants se sont vus ôter la vie de manière brutale.
Image : picture-alliance/dpa/Agence France
Patrice Lumumba (RDC, 1961)
Patrice Lumumba est devenu Premier ministre du Congo le jour de l’indépendance, le 30 juin 1960. Le 17 janvier 1961, au début de la nuit, il est assassiné au Katanga avec deux de ses deux compagnons. Ils ont eté exécutés par un peloton de la l'armée katangaise commandé par un officier mercenaire belge. Patrice Lumumba est mort à 35 ans.
Image : picture-alliance/AP Photo
Sylvanus Olympio (Togo, 1963)
Il était une figure importante dans la lutte pour l’indépendance du Togo. Il devient président lorsque le pays accède à l’indépendance le 27 avril 1960. Moins de trois ans plus tard, dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963, Sylvanus Olympio est assassiné près de l’ambassade américaine où il aurait tenté de se réfugier.
Image : United Archives/imago images
John F. Kennedy (Etats-Unis, 1963)
Le 22 novembre 1963, John F. Kennedy est en visite préélectorale à Dallas, dans l’Etat du Texas. Son cortège traverse la ville. Alors que sa limousine décapotée prend la voie du Dealey Plaza, le président Kennedy est atteint de deux balles tirées par derrière. Il est environ 12h30 lorsque l’événement se produit. Il décède sur la route de l’hôpital à l’âge de 46 ans.
Image : AP Photo/picture-alliance
Thomas Sankara (Burkina Faso, 1987)
Certains le désignent comme le "Che Guevara africain". Thomas Sankara est arrivé au pouvoir par un putsch le 4 août 1983, à l’âge de 33 ans. Quatre ans plus tard, le 15 octobre 1987, lui et douze de ses compagnons sont assassinés par un commando au cours d’une réunion. Blaise Compaoré, son frère d’arme, lui succède à la tête du pays.
Image : Getty Images/AFP/A. Joe
Samuel Doe (Liberia, 1990)
En décembre 1989, le Front national patriotique du Liberia (NPFL) du chef rebelle Charles Taylor déclenche un conflit pour renverser le président Samuel Doe. La rébellion dissidente de Prince Johnson prend le contrôle de la capitale Monrovia en juillet 1990. Samuel Doe est fait prisonnier par les hommes de Johnson et torturé à mort le 9 septembre 1990.
Image : Michel Saoure/AFP
Melchior Ndadaye (Burundi, 1993)
Premier président hutu démocratiquement élu au Burundi, Melchior Ndadaye est assassiné le 21 octobre 1993, lors d'un coup d'État militaire qui a plongé le pays dans la guerre civile. Cette guerre, qui a sévi jusqu'en 2006, a fait 300.000 morts. Sa mort est survenue seulement quatre mois après son accession au pouvoir.
Image : DABROWSKI/AFP/Getty Images
Laurent-Désiré Kabila (RDC, 2001)
La carrière présidentielle de Laurent-Désiré Kabila aura été de courte durée : quatre ans. Il est assassiné le 16 janvier 2001 par un de ses gardes. On ignore toujours qui a commandité l'assassinat. L'ex-rebelle, qui avait ravi le pouvoir à Mobutu en 1997, est remplacé par son fils, Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019.
Image : picture-alliance/AP/B. Linsley
João Bernardo Vieira (Guinée-Bissau, 2009)
João Bernardo Vieira, dit "Nino Viera", est tué à sa résidence officielle par des hommes armés le 2 mars 2009. A 69 ans, il avait totalisé 31 ans de pouvoir. Il a accédé à la tête de l’exécutif une première fois en novembre 1980 par un coup d’Etat militaire avant d'être chassé par une rébellion en 1999 et de se faire réélire en 2005.
Image : Manuel De Almeida/dpa/picture-alliance
Mouammar Kadhafi (Libye, 2011)
Après 42 ans de règne sans partage sur la Libye, Mouammar Kadhafi est tué en 2011 par une insurrection libyenne qui s’est déclenchée dans la ville de Benghazi. Le "guide" autoproclamé de la révolution libyenne est âgé de 69 ans lorsqu’il est tué par les insurgés. Kadhafi est arrivé au pouvoir en 1969 à la suite d’un coup d’État contre la monarchie.
Image : Getty Images/AFP/F. Monteforte
Idriss Déby Itno (Tchad, 2021)
Idriss Déby Itno, qui a passé 30 ans au pouvoir, est mort le 20 avril 2021. Difficile d’affirmer s’il s’agit d’un assassinat, mais selon la version officielle, il aurait perdu la vie des suites de blessures lors des combats contre des rebelles venus du Nord du pays. Avant lui, le 13 avril 1975, François Tombalbaye, le tout premier président, fut assassiné lors d’un coup d’Etat militaire.
Depuis début juin, des affrontements entre bandes rivales dans l'ouest de Port-au-Prince paralysent toute la circulation entre la moitié sud du pays et la capitale haïtienne.
Le 30 juin, 15 personnes avaient été tuées dans une fusillade en plein Port-au-Prince, dont un journaliste, Diego Charles, et une militante politique d'opposition, Antoinette Duclair. Et, en avril, l'enlèvement et la séquestration de plusieurs religieux catholiques, dont deux Français, avaient choqué jusqu'au-delà des frontières du pays.
"Jusquà maintenant, on ne comprend toujours pas", Gessica Généus (réalisatrice haïtienne)
Venu du monde des affaires, Jovenel Moïse, 53 ans, avait été élu président en 2016 sur une promesse de développement de l'économie du pays et avait pris ses fonctions le 7 février 2017.
Haïti est gangrené par l'insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d'une quasi impunité. Une situation qui valait à Jovenel Moïse, accusé d'inaction face à la crise, d'être confronté à une vive défiance d'une bonne partie de la société civile.