L'heure du GMF 2025 est arrivée!
7 juillet 2025
Le Global Media Forum est désormais un rendez-vous annuel et l'édition 2025 du GMF s'ouvre aujourd'hui [07.07.25].
Deux jours de rencontres et de réflexion placés sous le thème "Surmonter les barrières et construire des ponts" et durant lesquels des professionnels des médias venus du monde entier viennent discuter à Bonn des stratégies possibles pour consolider et relier entre elles les sociétés humaines, dans un monde de plus en plus tiraillé par les extrêmes.
Les régimes autoritaires et/ou populistes ont le vent en poupe, en 2025. Des modèles politiques qui restreignent la liberté d'expression.
Et cette année, le GMF organisé par la Deutsche Welle, espère opposer une pensée alternative à ces discours excluants.
Parmi les orateurs attendus, Steve Capus, président de la station américaine Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). Sa présence rappelle à quel point les médias, y compris publics, sont sous pression aussi en Occident.
"Cette année, Radio Free Europe est confrontée à de sérieuses menaces, explique Steve Capus. Mais il nous faut survivre. Sinon, nous ferons un énorme cadeau à la Russie, à la Chine et à tous ceux qui voudraient plonger le monde dans l'obscurantisme Nous N'avons pas le choix."
Donald Trump veut couper les financements de sa station, basée à Prague, en République tchèque. Alors même que cette chaîne est un pilier du partenariat transatlantique, entre l'Europe et les Etats-Unis, depuis des décennies.
Comme Radio Free Europe/Radio Liberty, la DW diffuse des informations non-censurées, y compris à destination de pays où c'est la propagande qui domine. Et ce sera le thème d'une discussion qui rassemblera les PDG de la Deutsche Welle, de la radio internationale polonaise TVP World et le directeur monde de la BBC, Jonathan Munro, qui s'inquiète de la tournure que prennent actuellement les paysages médiatiques.
"L'instabilité politique s'accroît dans de nombreuses régions du monde et les conséquences pour tous nos publics sont énormes, déclare-t-il. Dans le même temps, des collègues des États-Unis ont été contraints de fermer ou de réduire leurs médias libres. C'est une évolution inquiétante, d'autant plus que la désinformation et la mésinformation se développent de façon agressive dans le monde entier. Il y a donc matière à discussion."
Prix DW pour une journaliste géorgienne
Également attendue au GMF : la lauréate de cette année du Freedom of Speech Award, un prix annuel décerné par la DW pour des prestations particulières en faveur de la liberté de la presse.
En 2025, cette distinction revient à Tamar Kinzuraschwili, de Géorgie. "A l'époque de l'Union soviétique, nous n'avions pas notre mot à dire et nous dépendions d'un système totalitaire", explique-t-elle à la DW. "Mais dans un État démocratique, tous les citoyens doivent tenir le gouvernement en échec pour préserver notre liberté. Les médias ont une responsabilité particulière pour garantir la séparation des pouvoirs".
C'est ce que montre la journaliste avec sa fondation indépendante pour le développement des médias qui siège dans la capitale, Tbilissi. Elle enseigne aux journalistes le fact-checking et les sensibilise contre les discours de haine.
Surmonter les barrages numériques des régimes totalitaires
De nombreuses tables rondes au programme GMF de cette année veulent également discuter d'outils de travail très pratiques pour les professionnels des médias : "Comment les régimes autoritaires érigent des murs numériques - et comment les surmonter", tel est le thème, par exemple, de l'une des tables rondes.
Après une première manifestation sur le thème de l'intelligence artificielle générative dans le journalisme l'année dernière, le GMF 2025 abordera également les questions d'éthique de l'IA dans le journalisme. Dans quelle mesure est-il admissible que les journalistes utilisent eux aussi l'IA pour leur travail ?
L'avenir de l'Union européenne
Une réponse de l'Europe contre la division et le populisme est par ailleurs l'élargissement à de nouveaux Etats membres. Avec l'Ukraine, le dernier candidat à l'élargissement de l'UE est au cœur de la guerre d'agression russe. Le discours-programme de la Commissaire européenne à l'Elargissement, Marta Kos, est donc attendu avec impatience : La communauté européenne tiendra-t-elle parole face au pays attaqué par les troupes de Poutine ?
Le ministre syrien de l'information Almustafa invité
Le GMF accueille cette année un autre invité, le ministre syrien de l'information Hamza Almustafa. Après la chute du dirigeant Bachar el-Assad, soutenu par le président russe Vladimir Poutine, l'avenir de la Syrie multiethnique est ouvert. Hamza Almustafa va s'exprimer sur le rôle des médias dans la reconstruction de la Syrie.
Comment les médias peuvent-ils aider à surmonter les barrières alors que de nombreuses personnes souffrent, notamment au Proche-Orient, d'une guerre qui cimente les divisions entre les hommes ? Cette question rejoint celle au cœur d'un documentaire coproduit par la DW sur le plus grand crime de guerre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et qui part à la recherche de réponses. "Das Srebrenica Tape - von Papa für Alisa" est le titre du film de l'auteur Chiara Sambuchi, qui sera présenté en première DW pendant le GMF.
La protagoniste, Alisa, avait neuf ans lorsque son père, l'un des 8000 garçons et hommes de la zone de protection des Nations unies de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, a été tué par les forces serbes lors d'un massacre tristement célèbre qui a duré plusieurs jours, il y a 30 ans.
Cassette VHS sortie clandestinement de Srebrenica
Alisa vit aujourd'hui avec sa fille et sa mère dans la ville de Saint Petersburg, dans l'État américain de Floride. Pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine de 1992-1995, ses parents l'avaient emmenée en sécurité de l'autre côté de la frontière, chez ses grands-parents maternels en Serbie. Sa mère et son père serbes sont restés à Srebrenica.
Leur père, cinéaste amateur, avait filmé la vie quotidienne dans la petite ville assiégée pendant le blocus de la zone de protection des Nations unies de Srebrenica, qui a duré plus de trois ans. Dans ces vidéos, il s'adresse toujours directement à sa fille. Il parvient à lui envoyer une cassette VHS avant que Srebrenica ne soit envahie par les troupes serbes dirigées par le général serbe de Bosnie Ratko Mladic.
Pour Alisa, fille d'une Serbe et d'un Bosniaque musulman tué par des Serbes, construire des ponts, franchir des barrières est vital. "Alisa a décidé de ne pas prendre parti", explique l'autrice du film, Chiara Sambuchi, à la DW. Selon la réalisatrice, ce qui est décisif pour Alisa, c'est qu'elle s'oppose "à cette terrible haine religieuse, ethnico-religieuse", "et à tout ce que celle-ci charrie avec elle".))