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Golfe du Mexique : où est passé le pétrole brut?

Philippe Pognan22 février 2013

C'est lundi que débute aux Etats-Unis le procès contre le géant pétrolier BP. En 2010, l'explosion de l'une de ses plateformes pétrolières, « Deep Water Horizon » avait provoqué une gigantesque marée noire.

Image : picture-alliance/dpa

La catastrophe avait souillé les côtes de quatre Etats américains dans le Golfe du Mexique sans compter la pollution des fonds marins, des eaux de surface et du littoral. Trois ans plus tard, tout a l'air propre, les touristes sont revenus et la pêche est bonne. Mais si on ne voit plus le pétrole brut, cela ne veut pas dire qu'il a disparu ! Plus de la moitié n'a en réalité jamais atteint la surface de l'eau et est restée sur les fonds marins du Golfe.

Selon Antje Boetius, biologiste de l'Institut Alfred Wegener de recherche polaire et maritime, une partie du pétrole s'est ainsi mélangé entre 1000 et 2000 mètres de profondeur avec du plancton et des substances minérales : « cela ressemble à des moutons de poussière rouges et bruns formant d'épais tapis que l'on retrouve sur les fonds marins et aussi dans les riffs de corail en profondeur. »

Comment faire disparaître le pétrole ?

Pollution dans des récifs de corail dans le Golfe du MexiqueImage : AP

Certaines bactéries, vivant dans le Golfe du Mexique digèrent le pétrole ce qui permet de le faire peu à peu disparaître des fonds marins. A première vue, c''est positif que le pétrole disparaisse, mais en fait, la transformation des composants chimiques par les bactéries peut produire d'autres formes de toxicité.

Pour faire disparaitre le pétrole flottant en surface, on avait utilisé des quantités de Corexit un dissolvant très toxique .La mixture de pétrole et de dissolvants a alors empoisonné bactéries, larves de poissons et une multitude de micro-organismes marins. C'est pourquoi Detlef Schulz Bull, chimiste à l'Institut de recherche marine de Leibnitz déconseille d'utiliser un dissolvant chimique lors de grosses marées noires, car cela ne fait que masquer les effets néfastes du pétrole brut : « on ne peut plus voir ces solutions chimiques mais elles sont toujours là. On déverse des milliers de substances chimiques qui sont aussi toxiques, chacune à leur manière, dans l'écosystème. En fait on n'améliore rien ! »

Renforcer les critères de sécurité

A ce jour, BP a déjà cédé plus 30 milliards de dollards d'actifs pour financer le nettoyage des côtes et indemniser les victimes.Image : AP

Pour faire disparaitre le pétrole, les spécialistes ont aussi essayé de le brûler mais cette technique est tout aussi inappropriée, explique Detlef Schulz-Bull : « lors de la combustion de tels produits, se forment des combinaisons hautement toxiques en forte concentration, comme des arômes polycycliques, des hydrocarbures, mais aussi des dioxines. Donc d'un point de vue écologique, cela est insensé. »

Selon le chercheur, la seule méthode plus ou moins efficace contre les tapis de pétrole en mer, c'est de les encercler avec des barrages flottants, les pomper à bord de navires spéciaux et si cela n'est pas possible, il faut essayer de lier le pétrole brut à des matériaux écologiques, comme par exemple des écopes de bois spécial qui le retiennent en surface. Enfin, il préconise de renforcer les critères de sécurité pour les forages en haute mer.