A Goma, des habitants documentent les violences et les abus
22 juillet 2025
A Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, de jeunes habitants se chargent de recenser les victimes des violences dans la ville et ses environs. Goma est, depuis janvier dernier, sous le contrôle des rebelles de l'AFC-M23.
Dans un rapport publié début juillet, ces jeunes Gomatraciens affirment avoir recensé, en un mois, 47 morts, 75 viols, 14 enlèvements et 66 braquages.
Face à l'insécurité depuis la chute de Goma, de jeunes habitants du chef-lieu de la province du Nord-Kivu ont en effet mis en place une cellule d'enquête citoyenne, pour enregistrer les crimes commis, afin de préparer un éventuel processus de justice.
Traduire les coupables en justice
C'est ce qu'explique Jules Ngeleza, membre du Comité provincial de la jeunesse et contributeur au rapport sur les victimes des violences à Goma.
Selon lui, "cette initiative a pour but de documenter et de publier les cas d'abus et de violations des droits humains, afin de plaider pour la restauration de la paix. C'est aussi un travail de mémoire et de justice, pour que les auteurs de ces crimes soient, un jour, traduits en justice".
Jules Ngeleza explique que la situation continue de se détériorer à Goma et dans ses environs. Depuis la publication du rapport, début juillet, au moins 13 nouvelles personnes ont été tuées, selon des recoupements faits par les membres du groupe d'enquête.
Par ailleurs, 25 cas de viols supplémentaires ont été signalés, notamment dans les villes de Goma, Sake et Rutshuru, d'après des sources médicales locales qui préfèrent rester anonymes.
Certains habitants de Goma, comme cette jeune femme qui a aussi souhaité garder l'anonymat, témoignent de leur impuissance. "À part les morts lors de l'entrée du M23, depuis leur occupation, j'ai vu deux personnes de notre quartier se faire tuer, raconte-t-elle. Les jeunes sont venus le lendemain, ce sont eux qui ont posé des questions. Nous avons besoin de la paix, nous sommes fatigués".
Une population qui se sent abandonnée par l'Etat central
La société civile du Nord-Kivu s'inquiète de l'absence de soutien apporté aux populations dans cette partie de la RDC. C'est ce que souligne un de ses membres, Justin Murutsi. Pour lui, "l'État a un mandat de sécurité pour la population. Mais quand il y a des tueries comme ça et aucun mot de la part de l'État, cela montre un vide institutionnel grave".
C'est ce vide que ce groupe de jeunes de Goma s'efforce de combler en faisant la comptabilité macabre des victimes recensées dans la ville et ses environs.
Face à ces accusations, les responsables de l'AFC-M23 parlent de "règlements de comptes" à propos de certaines exécutions, notamment celles visant des changeurs d'argent.
Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent de l'AFC-M23, affirme que des mesures ont été prises, comme les patrouilles renforcées et l'installation de caméras de surveillance à infrarouge dans plusieurs quartiers.