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Fadi Maloum ou la lutte pour la dignité

Elisabeth Asen
30 août 2021

Dans l'Extrême-Nord du Cameroun, Fadi Maloum est sans nouvelles de son époux depuis sept ans. Handicapée, elle lutte quand même au quotidien, pour sa famille.

Fadi Maloum, en août 2021
Fadi Maloum, en août 2021Image : Elisabeth Asen/DW

Dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun, des milliers de femmes ont perdu leurs maris, morts ou disparus au cours du conflit qui oppose les forces gouvernementales à la secte Boko haram.

Fadi Maloum, mère de 45 ans, est ainsi sans nouvelles de son mari depuis sept ans. Disposant de faibles revenus et malgré son handicap lié à un accident de circulation, elle réussit toutefois à élever ses cinq enfants. 

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Au marché à moto

Chaque matin, Fadi Maloum, âgée de 45 ans et mère de cinq enfants, se rend à moto au marché de Mora pour écouler ses produits faits à base d'arachide.

"Je vends de la pâte d'arachide pour celles qui vont préparer de la sauce d'arachide, raconte-elle. Le tourteau d'arachide c'est pour la bouillie, il y a également de l'huile d'arachide bio et des croquettes faites avec la pâte d'arachide pour ceux qui aiment grignoter."

La culture de l'arachide permet de faire vivre de nombreuses familles comme celle de Fadi Maloum, au CamerounImage : Imago Images/Nature Picture Library/C. Ruoso

Fadi Maloum n'a pas beaucoup d'argent mais elle parvient à nourrir sa famille et à éduquer ses enfants. Mais les souvenirs de la disparition de son mari et de son accident, dans lequel elle a perdu un pied, sont encore très présents dans son esprit.

"On m'a coupé le pied"

" Lors de notre fuite de Sigacia pour Mora, j'ai eu un accident, se souvient-elle. Mon mari m'a emmenée à l'hôpital de Tokombéré et on m'a coupé le pied. Pendant que j'étais internée à l'hôpital, mon mari m'a dit qu'il rentrait à Sigacia voir mes coépouses et qu'il n'en avait pas pour longtemps. Mais une fois là-bas, il a été arrêté. Par qui ? Je ne sais pas… Cette nouvelle, je l'ai eue sur mon lit d'hôpital. Et depuis ce jour, je n'ai plus aucune nouvelle de mon mari."

Dans la famille de Fadi MaloumImage : Elisabeth Asen/DW

Alors Fadi Maloum poursuit sa vie et elle travaille pour ses enfants.

Ce matin, elle va extraire de l'huile d'arachide. Le processus n'est pas long mais le travail est difficile, nous confie la mère de famille : "Surtout avec mon handicap et mon âge. Je n'ai plus beaucoup de force et là j'ai très mal aux épaules car cela nécessite beaucoup de force. Mais je n'ai pas le choix."

De petits revenus pour payer l'école

Après une dizaine de minutes au feu, la pâte d'arachide libère son huile. Fadi peut alors retirer l'huile de la marmite puis, à mains nues, elle presse la pâte d'arachide encore chaude pour en recueillir le maximum d'huile. Le litre est vendu 1.000 francs CFA, la croûte aussi est destinée à la consommation.

Avec cet argent, Fadi Maloum peut donc assurer la scolarité de ses enfants.

Grâce à son programme d'accompagnement des familles des personnes portées disparues, le CICR s'est rapproché de Fadi Maloum et l'accompagne désormais dans la recherche de son mari.

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L'aide à la recherche des disparus par le CICR

Hadidjatou Yaouba est l'une des responsables de ce programme. Elle reconnaît que les personnes ont rarement le réflexe de contacter le CICR, étant donnée leur situation. "C'est nous qui venons toujours vers elles, dit-elle. Après on les sensibilise sur les services que nous offrons qui sont le rétablissement des liens familiaux, et aussi la recherche des personnes disparues. Après cette sensibilisation, on les enregistre, on documente les cas, et puis on se met dans la recherche. Celle-ci se fait à plusieurs niveaux et par plusieurs chaînes de personnes."

Sept ans après la disparition de son époux, Fadi Maloum, durant ses longues journées de travail, garde donc toujours l'espoir de voir son mari rentrer un jour à la maison.

 

 

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