Guerre du solaire entre l'UE et la Chine
5 juin 2013L'industrie du solaire est née en Europe dans les années 2000. Et à l'époque, le rêve est d'équiper un jour les pays émergents. En réalité, c'est l'inverse qui s'est produit. Le volume d'équipements solaires importés de Chine en Europe est aujourd'hui de 21 milliards d'euros par an.
Plusieurs entreprises allemandes et françaises ont déjà mis la clé sous la porte. Quelque 30.000 emplois sont en jeu, estime Bruxelles. Milan Nietschke, porte-parole de l'association des fabricants de solaires Pro Sun, s'est tourné vers Bruxelles. Il a expliqué pourquoi au micro de Gero Rueter (Deutsche Welle) :
« Le gouvernement chinois soutient l'industrie solaire à coup de milliards... 200 milliards ces dernières années. Autrement dit, des prix de "dumping", largement en-dessous des coûts de fabrication, sont ainsi obtenus. Et vous pouvez vous imaginer que personne, nulle part dans le monde, ne peut vendre à un prix en dessous de ses coûts de fabrication, car cela signifie vendre à perte... »
Décision controversée
La chancelière allemande Angela Merkel s'était prononcée contre toute initiative de ce genre, lors de la visite à Berlin du Premier ministre chinois Li Keqiang. Son ministre de l'Économie, Philipp Rösler, a même condamné la décision que Bruxelles vient de prendre.
De nombreuses associations environnementales sont également critiques : le WWF (le Fonds mondial pour la nature), par exemple, estime que les acheteurs de panneaux solaires sont avantagés par des prix bas. Greenpeace réclame de son côté à Bruxelles des incitations pour le sectaire du solaire plutôt que des taxes punitives.
Si la production solaire semble désormais définitivement installée en Chine, notamment en raison de ses usines de grande capacité, l'Europe est leader dans ce domaine pour les accessoires de précision. Pas question donc d'étrangler ce secteur. D'autant plus que Pékin annonce des mesures de rétorsion, sur le vin européen notamment. Le bras-de-fer est entamé. Sur fond de division européenne.