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PolitiqueAfrique du Sud

Pretoria accusée d’avoir fourni des armes à la Russie

Kossivi Tiassou | Avec agences
12 mai 2023

Les Etats-Unis ont accusé Pretoria d'avoir fourni un soutien militaire à la Russie. L’Afrique du Sud promet de mener une enquête.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa ont exprimé leur souhait de renforcer leur collaborationImage : Mikhail Metzel/ITAR-TASS/IMAGO

Même si l’annonce d’une enquête pour clarifier la situation a été bien reçue par Washington, l’affaire n’est pas pour autant finie. "Cela serait une étape bienvenue", a répondu brièvement le porte-parole adjoint du département d'Etat, Vedant Patel, lors d'un point de presse.

Selon Reuben Brigety, l'ambassadeur américain en Afrique du Sud, qui a dévoilé l’information, les Etats-Unis sont convaincus que des armes et des munitions ont été chargées à bord d'un cargo russe, le Lady R, amarré près du Cap début décembre dernier, avant qu'il ne reparte vers la Russie.

Il a jugé que "armer les Russes est extrêmement grave" et "fondamentalement inacceptable", lors d'une rencontre avec des médias sud-africains.

Pas de preuve selon Pretoria

Du côté sud-africain, le porte-parole du président, Vincent Magwenya, a déclaré qu'"aucune preuve n'a été fournie à ce jour pour étayer les allégations d'armes envoyées par l'Afrique du Sud à la Russie", précisant que l'affaire ferait l'objet d'une enquête.

Devant le parlement, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a lui aussi réaffirmé que les questions concernant le navire étaient "en cours d'examen", avant d’ajouter que le moment venu, il sera plus en mesure d'en parler. L’enquête a été confiée à un juge à la retraite.

Même si des armes n'ont pas été livrées, le pays s'est compromis en accueillant des navires russes en dépit des sanctions et même des manoeuvres navales conjointes en février, souligne l'ONG AfriForum. Image : Estácio Valoi/DW

Les autorités sudafricaines insistent sur l’absence de preuves, et disent regretter que "les remarques de l'ambassadeur américain sapent l'esprit de coopération et de partenariat entre les deux pays".

L'accostage du navire dans la plus grande base navale sud-africaine avait suscité une polémique dans le pays avant Noël.

L'affaire divise en Afrique du Sud

Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique, a qualifié la fourniture d'armes à la Russie, si elle est avérée, de "trahison" et accusé l'ANC au pouvoir de bafouer les valeurs et intérêts du pays.

D’aucuns en Afrique du Sud craignent déjà des conséquences économiques majeures si les accusations sont avérées.

Ces derniers mois, Pretoria n’avait pas caché les liens étroits qu’il entretient avec

Moscou. Des liens qui remontent à l'époque de l'apartheid, le Kremlin ayant apporté son soutien à Nelson Mandela et l'ANC dans la lutte contre le régime raciste.

L’Afrique du sud avait accueilli des exercices navals avec la Russie et la Chine en février, peu avant la commémoration de l'invasion russe de l'Ukraine, ravivant la polémique et inquiétant les Occidentaux.

Le gouvernement sud-africain avait aussi refusé de condamner l'invasion de l'Ukraine, affirmant vouloir rester neutre et préférer le dialogue pour mettre fin à la guerre.

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