En Guinée, la commission électorale nationale a rendu public le nouveau calendrier pour l'organisation des élections législatives. Celles-ci devraient avoir lieu avant la fin de l’année.
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Parmi les conditions évoquées par le président de la commission électorale il y a l'assainissement du fichier électoral.
Ce document contiendrait des anomalies portant sur environ 1,5 million d'électeurs guinéens - faudra donc extirper des listes électorales des doublons tout en inscrivant les nouveaux électeurs qui ont atteint l'âge de voter.
Il faut aussi fournir le matériel électoral lourd : c'est le cas des machines biométriques pour faciliter le recensement des électeurs et la mise à disposition des moyens financiers, a confié à la DW, Salif Kébé, président de la Céni.
"Nous sommes en train de nous battre pour que le fichier soit entièrement actualisé. Que la base de données soit mise à niveau. Que chaque Guinéen soit représenté dans la base de données de façon unitaire. Qu'il n’y ait pas deux ou trois inscriptions pour une même personne - ce qui est le cas parfois aujourd’hui", explique Salif Kébé.
Le président de la Céni ajoute qu'"ils ont pris cet engagement, nous avons trouvé les méthodes techniques qui nous permettent de le faire, nous demandons à l'Etat de mettre les moyens à notre disposition pour que nous puissions faire ce travail."
Les élections législatives pour le renouvellement du parlement guinéen devraient se tenir au plus tard en novembre.
Mais ce délai est jugé irréaliste par l'opposition qui soupçonne le pouvoir de Conakry de préparer un prolongement du calendrier électoral afin de permettre au président Alpha Condé de sursoir à l'organisation de la présidentielle prévue fin 2020.
"Aujourd'hui, il faut constater que le gouvernement n'est pas dans une dynamique d'organiser des élections dans notre pays pour permettre un glissement du mandat du chef de l'Etat. C'est le schéma dans lequel le pouvoir est en train de conduire le peuple de Guinée. Nous avons envoyé des techniciens au niveau de la Céni, capables de regarder objectivement la situation opérationnelle sur le terrain, pour produire un chronogramme", explique Ousmane Gaoual Diallo est député de l'UFDG, le principal parti d'opposition.
Et d'ajouter : "Il y a beaucoup de choses qui ont été compressées qui dans un délai normal ne peuvent pas être exécutées. Comment comprenez-vous qu’on réduise la période de recensement à une trentaine de jours? Il faut comparer chaque élément avec 6.000 électeurs. Et les machines que nous disposons ont besoin de plus de 45 jours pour réaliser ce type d’opérations".
Le "glissement" des élections, un phénomène courant
Le report des élections est une pratique assez répandue en Afrique. Elle permet à certains dirigeants de se maintenir au pouvoir et entretient une frustration au sein des populations.
Image : DW
ALGERIE : Bouteflika reporte la présidentielle tout en restant au pouvoir
Cible d'un mouvement de contestation inédit en 20 ans de pouvoir, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a renoncé à briguer un 5e mandat et reporté sine die la présidentielle du 18 avril, tout en restant au pouvoir et en prolongeant de fait son actuel mandat. La date du prochain scrutin sera fixée par une "Conférence nationale".
Image : picture-alliance/dpa/epa/M. Messara
BENIN : La présidentielle reportée d’une semaine
Le 28 février 2016, les électeurs béninois étaient appelés aux urnes pour élire un nouveau président à la tête du pays. Un scrutin présidentiel qui sera finalement organisé le 6 mars 2016, soit une semaine plus tard en raison des retards constatés dans la production et la distribution des cartes d’électeurs.
Image : Reuters/C.P. Tossou
GUINEE: Alpha Condé prolonge le mandat des députes
Le mandat des députés en poste depuis 2014 en Guinée devrait prendre fin le 12 janvier 2019. Mais à travers un décret, le Président Alpha Conde autorise les députés à rester en fonction jusqu’à l’élection d’un nouveau Parlement. Aucune date n’a pour l’instant été communique par le régime.
Image : picture-alliance/dpa/T. Padilla
CAMEROUN: Les législatives reportées d’un an.
Prévues en 2018 en même temps que les élections présidentielles et municipales, les législatives au Cameroun ont été reportées a 2019. C’est à la demande du président Paul Biya que les parlementaires ont adopté à l’unanimité la prorogation de leur mandat d’un an. Motif : les difficultés logistiques pour tenir les trois scrutins à la même date.
Image : DW/H. Fotso
TCHAD : Les législatives reportées sine die
Les députés tchadiens auraient dû terminer leur mandat en juin 2015. Prévue pour novembre 2018 après plusieurs reports, les élections législatives tchadiennes sont finalement programmées pour mai 2019. Un report qui se justifie par le manque d’argent dans les caisses de l’Etat, selon le Président Idriss Deby qui évalue le coût de ces élections à 70 milliards de francs CFA.
Image : DW/D. Blaise
MALI : Prorogation du mandat des députés
Après la présidentielle de juillet-août 2018, les électeurs maliens étaient de nouveau appelés aux urnes en fin d’année pour élire cette fois-ci leurs députés. Les autorités ont repoussé à deux reprises cette date. Finalement, c’est la Cour constitutionnelle qui a prorogé le mandat des députés de six mois à travers un énième report des législatives, en raison de "cas de force majeure".
Image : Imago/Le Pictorium/N. Remene
GBAGBO : Il s’est maintenu au pouvoir durant cinq ans sans élection.
Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir en Côte d’Ivoire en octobre 2000 après une élection contestée. Ses principaux rivaux, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, avaient été écartés par la cour suprême. Le mandat de Gbagbo devait prendre fin en 2005 avec la tenue d’élections présidentielles et législatives. Elles seront repoussées a six reprises jusqu’en novembre 2010, date du scrutin.
Image : picture-alliance/epa/L. Koula
KABILA : Il s’offre deux années supplémentaires à la tête du pays.
Au pouvoir depuis 2001 après l’assassinat de son père, et après deux mandats consécutifs, Joseph Kabila avait reporté sine die les élections de 2016, alors qu’il ne pouvait se présenter à un troisième mandat. Prévue pour se tenir le 23 décembre 2018 sans le président sortant Kabila, la présidentielle s’est tenue finalement une semaine plus tard.
Image : picture-alliance/AP/J. Delay
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Des arguments falacieux selon le pouvoir
A l'image du président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle. Amadou Damaro Camara estime en effet que l'opposition n'est tout simplement pas prête pour affronter les prochaines échéances électorales.
"La Céni est composée des éléments de la mouvance et de l'opposition. S'ils avaient des choses à dire, il fallait le faire pendant la retraite. Ils ont conclu à ça, je crois que c'est la voix de toute la Céni. Le problème, c'est qu'en réalité l'opposition ne veut pas aller aux élections."
Il faut dire que les discussions interminables sur l'organisation ces élections législatives cachent un autre débat : celui de l'organisation d'un possible référendum pour modifier la constitution guinéenne.
Mais si le parti au pouvoir gagne la majorité absolue au parlement à l'issue des prochaines législatives, le président Condé pourrait se passer d'un quelconque référendum pour changer les dispositions de lois qui l'empêchent de briguer un troisième mandat à la tête du pays.