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Massacre du 28 septembre 2009 en Guinée: 15 ans après

27 septembre 2024

15 ans après le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry, le défenseur des droits de l'Homme guinéen, Alseny Sall se dit satisfait par le verdict rendu par les juges.

Moussa Dadis Camara et son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba Diakité ont tous deux été condamné par la justice pour leur implication dans le massacre du 28 septembre 2009
Moussa Dadis Camara, à gauche et son aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba Diakité, à droite en octobre 2009 Image : SCHALK VAN ZUYDAM/AP/picture alliance

En Guinée, après deux ans de procès, la justice a rendu son verdict le 31 juillet dernier dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Selon l'ONU, ce jour-là, 156 personnes ont été tuées, plus de 100 femmes violées et plus d’une centaine de personnes portées disparues. Les faits ont été requalifiés en crimes contre l'humanité pour l'ex-président guinéen, Moussa Dadis Camara, au pouvoir à l’époque. Six hauts gradés ont été condamnés à de lourdes peines, allant de 10 ans de prison à la perpétuité. Quant aux   victimes, elles ont obtenu des mesures de réparation et un soutien médical.

Près de 15 ans après les faits, le chargé de communication de l'organisation guinéenne de défense des droits de l'homme et du citoyen (OGDH) se dit satisfait. Alseny Sall estime que la lutte pour le respect des droits de l'Homme est une quête permanente. Interview.

L'interview de Alseny Sall

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Alseny Sall: Cette année est quand même. C'est une année spéciale dans la mesure où l'année à laquelle nous avons assisté quand même à un premier verdict. Et dans ce procès, après ce périple, plus de treize ans de combat pour obtenir justice. Même si évidemment, il y a des aspects préoccupants dans cette décision. Mais je pense qu'il faut se féliciter du chemin qui a été parcouru, de tout le combat qui a été mené, ainsi que des résultats plus ou moins satisfaisants qui ont été obtenus jusque-là. C'est une première étape qui vient d'être franchie et les.La plupart des avocats des accusés, ainsi que nos avocats ont relevé appel sur certains aspects de la décision qui a été rendue par le tribunal.

DW: Moussa Dadis Camara, par exemple, le chef de la junte militaire à l'époque des faits, a été condamné en juillet dernier à 20 ans de prison. Or, son aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba Diakité, lui, a écopé de dix ans d'emprisonnement.Est ce que les juges ont été équitables?

Alseny Sall: Les peines qui ont été prononcées ne reflètent pas la qualification qui a été retenue par le tribunal. Vous n'êtes pas sans savoir quand même que le tribunal a retenu la qualification de crime contre l'humanité. Mais ensuite, il distribue des peines allant de 20 ans, 18 ans, dix ans. Nous, nous avons trouvé quand même qu'il y avait une certaine incohérence par rapport à la qualification qui a été retenue, mais des peines aussi distribuées. Donc de ce point de vue, nous comprenons la préoccupation des victimes et nous-mêmes.

DW: Depuis le 9 juillet 2024, nous sommes sans nouvelles de deux acteurs de la société civile, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah. Est ce que vous êtes inquiets?

Alseny Sall:  Évidemment, cette disparition contraste un peu avec la tenue de ce procès du 28 septembre que tout le monde a salué, au-delà de la Guinée. C'est la situation générale des droits de l'homme en Guinée, se traduisant justement par une volonté de restreindre les libertés, mais aussi et l'espace civique, le bâillonnement des médias qui nous inquiète.

Et aujourd'hui, nous avons assisté, comme vous l'avez souligné récemment, à des pratiques que nous ne connaissions pas. 

Parce qu' avant, quand on arrêtait, on amenait, on mettait en prison, on condamnait. Mais aujourd'hui, ce sont des disparitions forcées auxquelles nous sommes en train d'assister en Guinée. 

Ça, c'est quelque chose quand même que nous n'avons pas compris avec le Comité national du rassemblement pour le développement(CNRD) qui d'un côté met toute cette volonté pour organiser le procès, et de l'autre côté s'inscrit dans une logique, en tout cas, de restreindre complètement les libertés.