Guinée : le pouvoir appelle au calme après les violences
15 octobre 2019Le président Alpha Condé a appelé au calme et pour la préservation de la paix en Guinée et a promis se prononcer sur l’épineuse question de la modification ou non de la Constitution après la présentation du rapport des consultations nationales qui ont eu lieu le mois dernier.
Le ministre Guinéen de l’administration du territoire et de la décentralisation est largement revenu sur les affrontements qui ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les jeunes manifestants dans plusieurs localités du pays. Il a surtout déploré le comportement des manifestants de Mamou (située À 266 km à l’est de la capitale Conakry) qui ont déversé de l’huile moteur sur la voie publique, causant de ce fait des accidents graves. Le général Bouréma Condé, a indiqué que la mobilisation s'était limitée à "quelques regroupements et échauffourées".
"Le gouvernement Guinéen en tout état de cause informe les citoyens qu’il ne serait pas éternellement admis que des gens se fassent de telles actes de tel comportement sur les forces de l’ordre en mission républicaine. Les point de contrôles sont remis en place et un avertissement est donné à tous et a chacun a fin que les institutions de la république soient respectées" prévient Bouréma Conde.
L’opposition déterminée
En dépit de cette sortie présidentielle, l’opposition n’abdique pas.
"Il y a une vingtaine de blessés par balles et deux dans un état critique. A Mamou il y a 18 blessées par ce qu’à un moment donné ils ont sorti l’armée qui a tiré à balle réelle sur les citoyens. Nous félicitons les citoyens et les encourageons à continuer les manifestations aujourd’hui demain et après-demain jusqu'à ce que nous obtenions la satisfaction de nos revendications légitimes" affirme Cellou Dalein Diallo, le leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et chef de file de l’opposition.
"Je demande aux Guinéens de continuer à manifester, et à bloquer les voies jusqu'à ce que ce pouvoir comprenne qu'on ne nous imposera pas une dictature par la force", a ajouté l’ancien Premier ministre et président de l’UFR, l'Union des forces républicaines Sidya Touré, joint au téléphone par l'AFP.
Pendant ce temps, le coordinateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Abdrahamane Sano et ses collègues arrêtés samedi dernier continue de croupir en prison. Ils ont été inculpés de "trouble à l'ordre public" et de propos "incitant à la révolte", et ont été écroués à la prison de Conakry, a dit leur avocat Me Salifou Béavogui. Ils pourraient être jugés mercredi prochain au tribunal de première instance de Dixinn, dans la capitale Guinéenne.
Craintes d’escalade
Amnesty International redoute une escalade de la violence.
"Etant donné leur bilan désastreux (en termes de respect des libertés), les autorités doivent prendre des mesures immédiates pour briser le cycle de la violence avant qu'il n'échappe à tout contrôle", a écrit l’ONG de défense des droits dans un communiqué.
Human Rights Watch déplore le fait que depuis plus d'un an, le gouvernement interdit de fait les manifestations de rue.
Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres "suit la situation avec une inquiétude grandissante". Il exhorte tous les acteurs au dialogue et appelle les forces de sécurité à une "retenue maximale".
Coup d’état
La tension n'a cessé de monter depuis l'appel à la manifestation lancé il y a une semaine par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Cette coalition rassemble des partis d'opposition, des syndicats et des membres de la société civile et s'oppose à une révision de la Constitution souhaitée par le pouvoir qu’elle qualifie de coup d’état constitutionnel.
Celle-ci permettrait à Alpha Condé de se présenter pour un troisième mandat en 2020 alors que l’actuelle loi fondamentale ne l’autorise autorise pas.