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Guinée: le report du double-scrutin diversement accueilli

2 mars 2020

Le report du double-scrutin législatif et référendaire a permis de décrisper le climat politique. Mais l’opposition maintient la pression sur le président Alpha Condé, qu’elle accuse de vouloir se maintenir au pouvoir.

L'opposition guinéenne accuse le président Alpha Condé de chercher à se maintenir au pouvoir
L'opposition guinéenne accuse le président Alpha Condé de chercher à se maintenir au pouvoirImage : Getty Images/AFP/J. Wessels

"C’est une bonne décision" (Souleymane Douno Keita)

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Sur le principe, le report des élections législatives couplées au référendum à une date ultérieure a permis pour l'instant de désamorcer la tension politique en Guinée. Même si cette décision du président Alpha Condé est diversement appréciée par les citoyens, le pays a échappé au pire. Au sein du parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, la décision est bien accueillie. "Nous pensons que c'est plutôt une bonne décision, dans la mesure où il y a des griefs qui sont soulevés à la fois par certains partis politiques. Mais aussi des souhaits émis par l'ensemble de nos partenaires africains et européens", se réjouit Souleymane Douno Keita, l’un des conseillers du président Alpha Condé.

Le président guinéen Alpha Condé a annoncé un report du référendum constitutionnel et des législativesImage : Getty Images/M. Medina

Prudence de la société civile

Le double scrutin a été certes reporté mais le discours du président Alpha Condé qui l'a annoncé laisse certains acteurs de la société civile sur leur garde. Mais il faut tout de même en profiter pour rectifier les imperfections et aplanir les divergences, souhaite Dora Aboubacar  Kota, le président de la jeunesse CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) de Guinée.

"Le travail qui doit être fait dans deux semaines, c'est d'abord ce travail des experts de la CEDEAO et de l'Union Africaine. Il est important aujourd'hui qu'un travail sérieux soit fait. Ça peut rassurer davantage non seulement la communauté internationale qui observe notre processus, mais aussi les parties prenantes, même si le discours qui a été tenu par Monsieur le président de la République ne rassure pas tellement", déplore-t-il.

Sur la question de l'assainissement du fichier électoral et des activités à mener durant les deux semaines du report, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) n'avait pas tout de suite fait de commentaires.

Pression de l’opposition

Le FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) a pris acte du report annoncé par le président Alpha Condé de reporter de deux semaines les élections législatives couplées au référendum. Mais "ce report ne répond nullement à la demande légitime du peuple de renoncer au troisième mandat et au référendum constitutionnel".

Le report ne résout pas non plus "les questions d'inclusion, de transparence et de crédibilité du processus électoral. Notre lutte est loin d'être achevée", a expliqué le FNDC, dans un communiqué de presse.

Des partisans de l'UFDG à ConakryImage : Nadia Nahman, Stabschefin des Präsidenten der UFDG Cellou Dalein Diallo

Ousmane Gaoual député de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), le parti du chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, estime qu'il faut désormais permettre aux experts de L'OIF (Organisation internationale de la Francophonie) et de la CEDEAO de travailler sur les irrégularités dénoncées jusqu‘ici.

"C'est grâce à la pression des Guinéens et de la communauté internationale que les jusqu'au-boutistes ont pu renoncer au projet qui aurait pu mettre fin à l'unité nationale et à la stabilité de notre pays. Il faut déjà que l'organisation sous-régionale vienne constater les anomalies". 

Des partisans de l’opposition dispersés à Conakry par les forces de l'ordreImage : Getty Images/AFP/C. Binani

Toutefois, l’opposition maintient la pression contre le président Alpha Condé. Elle a appelé à intensifier les manifestations à partir du jeudi (05.03.2020) pour exiger le départ du président guinéen du pouvoir.

Tensions

Samedi dernier (28.02.2020), des partisans de l’opposition ont érigé des barricades et jeté des pierres aux forces de l'ordre dans les quartiers périphériques de Conakry. Ceux-ci ont riposté avec des gaz lacrymogènes.

La commission électorale nationale indépendante devrait saisir la Cour constitutionnelle pour la fixation d'une nouvelle date des élections.