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Le coup d'Etat déjoué en Guinée-Bissau lié au narcotrafic ?

Antonio Cascais | Avec agences
2 février 2022

Le président Umaro Sissoco Embalo désigne l'influence des trafiquants dans ce pays considéré comme la porte du trafic de cocaïne en Afrique.

Umaro Sissoco Embalo et un officier de l'armée
Umaro Sissoco Embalo et un officier de l'arméeImage : Präsidentschaft der Republik Guinea-Bissau

Le calme semble revenu ce mercredi (02.02) en Guinée-Bissau, au lendemain de ce qui semble être un coup d'Etat avorté contre le président Umaro Sissoco Embalo.

Celui-ci assure qu'on a cherché à l'assassiner, lui et "tout le cabinet" ministériel. Il accuse ceux qui sont contre les décisions "prises, notamment dans la lutte contre le trafic de drogue et la corruption". Pour rassurer, il s'est présenté mardi soir devant la presse, indemne. 

L'attaque de mardi aurait fait au moins six morts contre les soldats, selon l'armée ce mercredi. Tous auraient été tués lors des combats entre les forces de sécurité et les assaillants qui ont attaqué le palais du gouvernement où se tenait un conseil des ministres extraordinaire en présence du chef de l'Etat.

Le difficile dossier du trafic de drogue

L'état-major de l'armée a mis sur pied une commission pour enquêter après l'attaque de mardiImage : Andre Kosters/EPA

Le chef de l'Etat n'a pas précisément désigné les auteurs de la tentative de coup d'Etat, mais il vise donc le milieu de la drogue et de la corruption, parlant d'"acte très bien préparé et organisé". "Il faut dire que tous les chefs de gouvernement et les présidents en Guinée-Bissau, ont, jusqu'à présent, affirmé être des combattants engagés contre la mafia de la drogue", explique Antonio Cascais, journaliste de la rédaction lusophone de la DW, qui connaît bien la Guinée-Bissau.

"Mais il s'est régulièrement avéré qu'ils n'ont pas combattu la drogue, mais ont même plus au moins profité de la drogue".

Antonio Cascais raconte qu'il a découvert, au cours de ses multiples recherches, que les barons internationaux de la cocaïne, notamment de Colombie, du Mexique et du Brésil, prennent le contrôle des gouvernements successifs et des chefs militaires en Guinée-Bissau.

"Ils donnent de l'argent ou même de la cocaïne aux politiciens. Les avions en provenance d'Amérique du Sud atterrissent en toute sécurité sur les îles au large du continent de Guinée-Bissau, aux Bijagos (une archipelle de Guinée-Bissau,ndlr) ou encore à l'aéroport de Bissau".

La Guinée-Bissau est connue comme la porte d'entrée de la cocaïne qui est produite en Amérique du Sud et consommée principalement en Europe.

Relire → La Guinée-Bissau et le Mali au cœur du trafic

Le rôle de l'armée

Umaro Sissoco Embalo est au pouvoir depuis début 2020Image : Alui Embalo/AFPTV/AFP/Getty Images

Sur place, l'armée est souvent mise en cause, montrée du doigt car corrompue. "L'ancien chef de la marine Bubo Na Tchuto, a été arrêté par des agents américains en avril 2013 et condamné aux Etats-Unis", raconte Antonio Cascais. "Il a fourni aux autorités américaines des informations et a donc été libéré plus tôt de prison. Entretemps, les autres responsables militaires de Guinée-Bissau sont devenus plus prudents." Mais l'armée n'a pas les moyens d'agir. Elle manque de tout sur place. "La Guinée-Bissau, mais aussi certains pays voisins de l'Afrique de l'Ouest, restent des véritables paradis pour le trafic international de drogue", explique Antonio Cascais. 

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a condamné la tenative de coup d'Etat. Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a lui exprimé sa "grande inquiétude".

Les deux organisations ont paru désigner les militaires comme responsables, les tenant pour responsables de la sécurité du président et du gouvernement.

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