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Pas de sanctions économiques envers la Guinée

Avec agences
8 septembre 2021

La Cédéao a suspendu la Guinée de ses instances mais n'a pas décrété de sanctions économiques, alors que les putschistes ont promis de respecter les contrats signés par l'ex-président Alpha Condé.

Le port de Conakry peut continuer à tourner, pour l'instant
Le port de Conakry peut continuer à tourner, pour l'instantImage : Getty Images/AFP/C. Binani

Les dirigeants des Etats membres de la Cédéao ont décidé mercredi (08.09.2021) de suspendre la Guinée "de toutes ses instances de décisions", a déclaré le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, à l'issue d'un sommet en visioconférence de l'organisation sous-régionale.

Une mission va être dépêchée dans le pays à la suite du putsch qui a renversé Alpha Condé, mais les dirigeants ouest-africains semblent accorder un répit au chef des putschistes, Mamady Doumbouya, puisqu'ils n'ont pas pour l'instant décidé de sanctions économiques.

Respect des contrats miniers

Lors de sa toute première apparition publique, au lendemain de sa prise de pouvoir, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya avait sans surprise rappelé son engagement à soutenir les investissements étrangers en Guinée, deuxième producteur mondial de Bauxite qui fournit à l'Etat d'importantes recettes fiscales.

Selon le président de l'ONG Actions mines Guinée, Amadou Bah, le chef de la junte militaire n'avait pas d'autre choix.

L'économie guinéenne repose principalement sur les exportations de minerais mais cela ne profite pas aux populationsImage : DW/Bob Barry

"L'économie guinéenne repose sur le secteur extractif qui représente 32% des recettes budgétaires de l'Etat, selon le rapport de l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), 78% des recettes d'exportation du pays et 18% du Produit intérieur brut. Les dépenses courantes de l'Etat viennent précisément de ce secteur."

Cependant, les Guinéens, dont certains vivent avec moins d'un dollar par jour, ne bénéficient pas des retombées de ces importantes ressources, déplore Ramadan Diallo, chercheur au groupe de réflexion Wathi.

La Guinée possède aussi des gisements de fer, d'or et de diamant, ajoute le président de l'ONG Actions mines Guinée, Amadou Bah.

En 2020, le pays a signé un accord avec le consortium sino-singapouro-guinéen SMB-Winning pour l'exploitation de sa gigantesque réserve de minerai de fer de Simandou (dans le sud-est du pays) qui doit rapporter 15 milliards de dollars sur 25 ans.

Besoin d'assainir le secteur minier

Mais le secteur devrait être assaini, selon le chargé de communication du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).

"Nous attendons de voir ce que la junte veut faire"

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"Tous les contrats miniers signés par monsieur Alpha Condé doivent être revus", affirme Abdoulaye Oumou Sow. "Au-delà de ces contrats miniers, nous savons qu'il y a eu beaucoup de corruption. Il y a eu beaucoup de gabegie, il y a eu beaucoup de détournements qui ont été révélés par la presse. Donc, nous attendons de voir ce que la junte veut faire. Au-delà d'Alpha Condé, le régime doit rendre des comptes."

Pour sa part, Ramadan Diallo préconise la diversification de l'économie guinéenne car les ressources minières sont tarissables.

"Rares sont les pays dans lesquels les mines ont représenté le pilier du développement et que cela se soit accompagné de stabilité", rappelle le politologue. "Et les mines représentent une ressource épuisable. D'une manière générale, cette ressource rapporte peu à la Guinée par rapport à d'autres ressources si elles étaient valorisées."

Le coup d'État de dimanche a en tous cas contribué à faire monter le prix de l'aluminium à son plus haut niveau depuis dix ans sur le marché des métaux à Londres.

La Cédéao prudente

Même s'ils ont appelé les putschistes à mettre en place "un processus qui permette d'arriver très rapidement à un retour à l'ordre constitutionnel normal", les dirigeants de la Cédéao ont évité dans l'immédiat de décréter des sanctions économiques. C'est ce qu'ils avaient fait en août 2020 après la prise de pouvoir des militaires au Mali voisin.

Mais les sanctions, qui comprenaient un arrêt des échanges commerciaux hors produits de première nécessité et la fermeture des frontières, étaient mal passées auprès de la population malienne, dans un contexte économique et social dégradé par la pandémie de Covid-19. Avec la Guinée, l'organisation ouest-africaine semble avoir adopté une autre stratégie.