Guinée : la junte reçoit la Cédéao
10 septembre 2021La mission de la Cédéao arrivée ce vendredi (10.09) dans la capitale guinéenne est composée de quatre personnes. Il s’agit des ministres des Affaires étrangères du Ghana, du Togo, du Burkina Faso et du président de la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Jean-Claude Kassi Brou. Ils ont été reçus par le chef de la junte.
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De leur côté, des habitants de Conakry ont réagi avec colère ou irritation à la décision de la Cédéao de suspendre leur pays de l'organisation sous-régionale.
Mamadou Aliou Diallo, rencontré au quartier Cosa dans la commune de Ratoma, dans la banlieue de Conakry, indique que la Cédéao aurait dû intervenir plus tôt, au moment de la modification de la Constitution en mars 2020. "Où était la Cédéao lorsque Alpha Condé a fait un coup d’Etat constitutionnel, se demande-t-il. Ils ne sont pas intervenus alors ce n’est pas maintenant qu’ils vont venir nous dire des choses."
"La junte a joué le rôle de la Cédéao et de l'UA"
Pour Moussa Bangoura du quartier Bonfi dans la commune de Matam, la Cédéao devrait mettre en place des mécanismes qui empêchent les chefs d’Etat de se maintenir trop longtemps au pouvoir. "La Cédéao doit en principe dire au président en exercice de ne pas modifier la Constitution, c’est extrêmement important. Tu fais un ou deux mandats et ensuite il faut partir. Auparavant, la Cédéao n’a rien fait et maintenant elle veut mettre la pression sur les militaires", regrette Moussa.
Aboubacar Dani Camara, chargé de cours à l’Université de Conakry, estime toutefois que l’institution est dans son droit d’intervenir en Guinée. Il estime que la mission est très complexe pour la Cédéao, vu son manque d’anticipation de la situation :
"Je trouve normal la venue de la Cédéao en Guinée parce que c’est une organisation à laquelle appartient le pays. S’il y a des situations de ce genre-là, elle doit intervenir. Il se trouve que c’est complexe dans la mesure où il y a des situations qui allaient à l’encontre de la Constitution. C’est à ce moment que l’institution aurait dû parler pour empêcher le président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Maintenant, la junte a joué le rôle de la Cédéao et de l’Union africaine."