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Le dialogue piétine en Guinée

Bangaly Condé
15 novembre 2022

Le dialogue entre la junte au pouvoir et les acteurs politiques est au point mort, malgré la visite du Premier ministre aux sièges des coalitions des quatre principaux partis politiques du pays.

Des voitures dans les rues de Conakry, la capitale guinéenne
Depuis septembre 2021, le colonel Doumbouya s'est fait investir président et s'est engagé récemment à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de deux ans à partir de janvier 2023. Image : Sunday Alamba/AP/picture alliance

Les quatre grandes coalisions politiques en Guinée, à savoir l’Anad dirigée par Cellou Dalein Diallo, la Cored de Mamadou Sylla, le RPG arc-en-ciel et le Front national pour la défense de la Constitution ont posé une dizaine de préalables avant leur participation au dialogue.    

Parmi eux : la libération des prisonniers politiques, la levée de la suspension du Front national pour la défense de la Constitution et la présentation de la liste des membres du CNRD,l’organe mis en place par la junte pour diriger le pays après le putsch de septembre 2021.  

"Il n'y a pas d'avancée du tout"


Selon les responsables de ces coalitions, sans la satisfaction de ces préalables, il n’est pas question de participer à un quelconque dialogue.   

Rafiou Sow, président du Parti du renouveau et du progrès, estime que la junte est en train de perdre du temps. "Le Premier ministre parle d’avancée, peut être par ce que nous l’avons reçu. C’est dans ce sens qu’il parle d’avancée. En ce qui concerne la transition, il n’y a pas d’avancée du tout, c’est même un recul. Concernant aussi le dialogue, ça on n'en parle même pas puisqu’on n’a jamais dialogué jusqu’à présent. Et ce temps-là risque d’être au désavantage de la junte. Dans ce cas, nous nous préparons à toutes les éventualités", explique-t-il. 

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), organisation citoyenne, réclame un retour rapide des civils au pouvoir et à la libération de tous les prisonniers détenus selon lui pour des raisons politiques.Image : CELLOU BINANI/AFP/Getty Images

  
Après la rencontre avec les acteurs sociaux et politiques, le Premier ministre guinéen a estimé que les lignes commencent à bouger. Une déclaration qui n’est toutefois pas bien comprise par l’opinion publique.  

Dans la foulée, Makalé Traoré, une facilitatrice désignée par la junte, a invité la classe politique à venir autour de la table. Pour elle, le thème principal du dialogue devrait être bientôt élaboré. 

"Quels que soient les ressentiments, quels que soient les souffrances ou les sentiments, il faut bien qu’on accepte de venir autour de la table. Très bientôt, les termes de références seront pris et prendront en compte tout ce que nous avons entendu. Nous ferons la proposition aux parties concernées en collaboration avec le médiateur de la Cédéao. Nous espérons que nous allons continuer à avancer pas à pas vers ce cadre de dialogue dans l’intérêt de tous", souhaite-t-elle.  

Certains observateurs indiquent que la satisfaction des demandes de la classe politique pourrait être difficile pour la junte militaire, surtout en ce qui concerne la libération des responsables politiques soupçonnés de détournement de fonds publics.  

Ce dossier relève en effet de la justice. Mais le dialogue pourra difficilement se tenir sans les quatre principales coalitions politiques du pays.