Le retour d'exil de Moussa Dadis Camara
22 décembre 2021Après plus de 11 ans d'absence, l'ancien chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, est annoncé à Conakry ce mercredi 22 décembre. Dadis Camara n'est d’ailleurs pas le seul membre de l'ancienne junte militaire autorisé à regagner la Guinée.
Le général Sékouba Konaté, qui lui a succédé à la tête du pays, est rentré en Guinée depuis le 18 décembre, alors que le président Alpha Condé, pour sa part, est toujours assigné à résidence.
Pour la première fois dans l'histoire politique de la Guinée, trois anciens chefs d'Etat guinéens sont au même moment à Conakry.
28 septembre 2008, date gravée au fer rouge
Mais celui dont la présence est le plus attendue est Moussa Dadis Camara, qui a dirigé la Guinée de 2008 à 2009.
Celui-ci doit répondre des accusations graves qui portent sur lui concernant l'assassinat, le 28 septembre 2009, d'au moins 157 personnes et le viol de 109 femmes dans un stade de Conakry.
Douze ans après, les victimes demandent toujours que justice soit faite. Asmaou Diallo, présidente de l’Association des victimes, parents et amis (Avipa), estime que le retour de Dadis Camara est une bonne chose pour le procès tant attendu.
"Vous savez, depuis 2009 à nos jours, nous attendons que tous ceux qui étaient membres de la junte militaire sous Dadis Camara soient en Guinée pour qu'on puisse entamer le procès. Maintenant que le moment est arrivé, c'est important qu'on se retrouve et qu'on puisse revoir les choses avec la justice guinéenne. Parce que nous sommes sûrs que l'arrivée de Dadis va accélérer les choses pour qu'on aille rapidement au procès. C'est quelqu'un qui a toujours dit qu'il était prêt à se présenter devant la justice guinéenne pour expliquer ce qu'il connait de l'affaire du 28 septembre."
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Toutefois, les victimes de ce massacre ne souhaitent pas que le retour de Dadis Camara soit un acte politique, estime Asmaou Diallo de l'Avipa."Il faudrait d'abord qu'on sache qui a fait quoi et qui est responsable de quoi lors du massacre du 28 septembre"
Pour Elie Kamano, président du Parti guinéen pour la solidarité, la démocratie et le développement, le retard accusé dans l'organisation du procès du 28 septembre incombe au pouvoir précédent.
"Les victimes du 28 septembre doivent savoir une chose : la volonté politique n'a jamais accompagné cette procédure. Je peux comprendre que Dadis rentre en Guinée, il rentre chez lui. Mais si c'est par rapport au 28 septembre, pour moi, on pouvait régler cela même en l'absence de Dadis".
Procès attendus
Parmi les personnes également visées par la justice dans ce dossier, il y a l'ancien chef de la garde présidentielle, Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, qui avait tiré sur Moussa Dadis Camara, le blessant et l'éloignant du pouvoir.
Les Guinéens souhaitent aussi entendre le général Sékouba Konaté, ancien numéro 3 de la junte avant d'assumer la fonction de président de transition, à l'issue de laquelle Alpha Condé a été élu en 2010.
Sékouba Konaté et Alpha Condé auraient pu eux aussi organiser le procès du massacre du 28 septembre.
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