Guinée : la junte crée un organe électoral controversé
17 juin 2025
Après près de quatre ans de transition en Guinée, le pouvoir militaire a finalement crée un organe en charge d'organiser les élections. Mais au lieu de rassurer, la Direction générales des élections dont la création a été annoncée par un décret samedi, accroît plutôt les inquiétudes.
Plusieurs formations politiques et des organisations de la société civile, dénoncent la volonté des autorités militaires de conserver le pouvoir tout en cherchant une forme de légitimité. Mamadou Baadiko Bah dirige l'Union des Forces Démocratiques (UFD). Pour lui, c'est un recul démocratique.
"Malheureusement, cet organe n'apporte absolument rien de positif et de nouveau par rapport à la CENI, l'ancienne CENI qui a cessé d'exister en 2021 et qui a parrainé les élections bien connues de mars 2020 où les procès-verbaux avaient été faits au crayon. Et donc, là, le fait que le ministère organise les élections, on ne peut pas dire que, dans le principe, c'est anormal. Mais ce ministère n'est pas neutre. Ce ministère est une administration engagée, fortement engagée pour légitimer les autorités, la transition."
Pas de Commission électorale indépendante
L'opposant Faya Milimono qui dirige le parti Bloc Libéral rappelle pour sa part pourquoi la CENI avait été créée pour organiser et superviser les élections en Guinée. Et pourquoi, il ne faut pas faire confiance à l'administration territoriale.
"La Guinée a une histoire. Nous avons eu, à un moment donné, le ministère de l'Administration du territoire qui a organisé des élections. Mais toutes les élections organisées par ce ministère ont été émaillées de fraudes et ont donné lieu à des affrontements. C'est ce qui a amené les acteurs politiques à se parler pour opter pour une CENI. Celle-ci, on l'a voulu paritaire. On a même pensé que non seulement on allait avoir autant de représentants de l'opposition que de la mouvance, mais qu'on allait inclure la société civile et l'administration de territoire. C'est l'erreur qui avait été commise dans la configuration de cette CENI. Parce que ceux qui ont été les plus partisans dans la CENI, c'est ceux-là qui représentaient l'administration territoriale et la société civile."
Pour Rafiou Sow, président du Parti du renouveau et du progrès, confier l'organisation des élections à un organe dont les membres sont engagés pour la candidature du général Mamadi Doumbouya est une provocation.
"La mise en place de cette Direction générale des élections (DGE) est une provocation vis-à-vis des forces vives. Nous demandons un cadre de dialogue inclusif et décisionnel. Le général se le refuse. C'est une preuve qu'il veut confisquer le pouvoir et organiser des élections militarisées, c'est-à-dire une mascarade électorale. La DGE est en train de faire la promotion de la candidature de Mamadi Doumbouya."
Plusieurs personnalités du pouvoir ont fait publiquement part ces derniers mois, de leur soutien à une candidature du général Mamadi Doumbouya, malgré sa promesse initiale de ne pas se présenter à une future présidentielle. La création de la Direction générale des élections a pour but, l'organisation du référendum sur la nouvelle Constitution. Elle a aussi pour tâche de réviser le fichier électoral biométrique et participer à la mise en place d'une force spéciale de sécurisation des élections.