En Guinée, un référendum constitutionnel sous tension
29 août 2025
En Guinée, c'est ce dimanche 31 août que s'ouvre la campagne électorale pour le référendum constitutionnel du 21 septembre. Le scrutin est organisé dans un contexte loin d'être apaisé, en raison notamment de la suspension des principaux partis politiques du pays. A ceci, s'ajoutent les directives strictes pour la couverture médiatique du référendum, provenant de la Haute autorité de la communication, et les appels à manifester de l'opposition.
Appel à manifester
C'est à partir du 5 septembre, en pleine campagne référendaire, que les principaux partis d'opposition et organisations de la société civile, regroupés au sein des Forces vives de Guinée, entendent manifester.
Ceux-ci dénoncent la tenue du référendum sur la nouvelle Constitution, qui autorise les candidatures indépendantes à l'élection présidentielle. Par ailleurs, le mandat du chef de l'Etat passera de cinq à sept ans, renouvelable une seule fois.
Selon ses détracteurs, cette nouvelle Constitution permettrait au président de la transition militaire, le général Mamadi Doumbouya, de se maintenir longtemps au pouvoir. Celui-ci pourrait en effet se présenter en candidat indépendant.
Pour Dansa Kourouma, président du Conseil national de transition, l'organe législatif non élu, personne n'est exclu du processus et il ne fait aucun doute que le Oui l'emportera en dépit des critiques.
"Le Oui devrait l'emporter, tout simplement parce que le peuple de Guinée a été associé en amont et en aval dans le processus d'élaboration de cette Constitution, de manière participative et consensuelle. Deuxièmement, la Constitution répond aux nombreuses questions qui étaient posées par le peuple de Guinée qui, jusque-là, n'avaient pas de réponse. Et troisièmement, cette Constitution corrige les lacunes des autres Constitutions qui l'ont précédée", assure-t-il.
Alors que les appels à manifester sont maintenus, certains, comme Ibrahima Balaya Diallo, le président du Forum civil guinéen et membre du Forum des forces sociales de Guinée, veulent opter pour l'apaisement.
"Ceux qui appellent à manifester, on sait la nature des manifestations en Guinée, ils ne sont pas en Guinée. Et c'est pour cela que nous avons prévu de rencontrer les religieux pour qu'ils puissent faire un appel, dès le 4, c'est-à-dire la veille de la manifestation, pour qu'on puisse régler ce problème", précise-t-il.
En attendant, l'UFDG, dirigé par l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le RPG, ancien parti au pouvoir d'Alpha Condé, ainsi que le PRP de Rafiou Sow, ont été suspendus pour 90 jours par les militaires à la tête de la Guinée.
Un besoin "d'ouverture démocratique"
A l'exclusion des partis politques et l'appel à manifester, s'ajoute une déclaration de la Haute autorité de la communication qui régule les organes de presse. Celle-ci interdit aux médias de donner la parole aux membres des partis suspendus.
"Le président de la Haute autorité de la communication a averti les médias. Il dit : vous ne donnerez pas la parole aux membres issus des partis suspendus. Vous voyez donc qu'aujourd'hui, on est dans une forme de dictature médiatique. Maintenant, ce sera une campagne monocolore. Maintenant, l'enjeu, ce n'est pas la victoire du Oui, mais quel sera le taux de participation ?", s'interroge Ibrahima Balaya Diallo qui estime qu'il y a un besoin "d'ouverture démocratique".
La Haute autorité de la communication demande aux médias audiovisuels de fixer le temps d'antenne et de garantir l'équité entre partisans du Oui et du Non , mais elle précise que seuls les acteurs officiellement reconnus pourront s'exprimer, aussi bien dans les médias publics que privés. Des directives que l'opposition guinéenne dénonce.