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Héritage mitigé pour Fatou Bensouda à la CPI

12 février 2021

Après 9 ans à la tête de la CPI, son bilan est marqué par les débats sur l'impartialité de la Cour, les affaires Jean Pierre Bemba et Laurent Gbagbo

Fatou Bensouda a connu des hauts et des bas à la tête de la CPI
Fatou Bensouda a connu des hauts et des bas à la tête de la CPIImage : picture-alliance/AA/A. Asiran

"Personne n’échappera à la justice" : voilà ce que promettait Fatou Bensouda dans une interview en 2018. Après 18 ans de carrière au bureau du procureur la Cour pénale internationale, dont elle est elle-même procureure générale depuis juin 2012, la Gambienne arrive au terme de son mandat le 15 juin prochain. Le nom de son successeur doit être dévoilé ce vendredi après un vote aux Nations unies.

Durant son mandat, Fatou Bensouda a beaucoup enquêté en Afrique : en Centrafrique, au Mali, en Guinée, au Soudan, en Libye notamment.

D'où l'argument d'un "acharnement contre les Africains", brandi par la Gambie de Yahya Jammeh, dont Fatou Bensouda est une ancienne ministre, pour se retirer de la Cour pénale internationale, comme le Burundi ou l’Afrique du Sud, en 2016 et 2017.

Mais la procureure rappelle à chaque fois que les Etats membres eux-mêmes saisissent la CPI et que le bureau n’engage des enquêtes préliminaires que sur des crimes commis dans des Etats qui ont ratifié le Statut de Rome.

Par ailleurs, elle souligne que les procédures sont destinées à rendre justice aux victimes – des Africains quand les crimes sont commis en Afrique. "Notre rôle ici est de vous écouter pour savoir ce que vous avez vécu durant les violences post-électorales", avait-elle déclaré en s’adressant à des victimes au Kenya.

L'affaire Jean Pierre Bemba pèse sur le bilan de Fatou BensoudaImage : picture-alliance/dpa/M. Kooren

L'affaire Gbagbo

Fatou Bensouda connaît l'un de ses échecs les plus cuisants lors du procès de Jean-Pierre Bemba. Non seulement le président du Mouvement de libération du Congo est acquitté en 2018 des "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" pour lesquels il était poursuivi, mais l'ancien chef de guerre va jusqu'à réclamer plus de 68 millions d’euros d’indemnisation et dommages et intérêts à la CPI pour ses années passées en prison.

Sa demande est rejetée en 2020 par la CPI qui l'a condamné en 2019 pour subornation de témoins.

Mais l'un de ses plus grands fiascos demeure de ne pas avoir réussi à prouver la culpabilité de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. La CPI les avait inculpés de "meurtres, viols, persécutions et tentatives de meurtres et autres actes inhumains".

Le dossier, instruit à charge par Fatou Bensouda, est présenté comme l'un des plus importants depuis la création de la cour. Les deux prévenus acquittés, la procureure décide de faire appel.

L'incapacité de la CPI de prouver la culpabilité de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé est une ombre au tableau pour Fatou Bensouda

Impartialité remise en cause

Ses détracteurs lui reprochent alors de faire le jeu des réseaux d’influence du président Alassane Ouattara, soutenu par les Occidentaux.

Dernière personnalité en date à avoir critiqué les enquêtes du bureau de Fatou Bensouda : le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, alors que Fatou Bensouda vient de déclarer son bureau compétent pour enquêter sur d’éventuels crimes de guerre commis par Tsahal dans les Territoires palestiniens occupés.

Donald Trump non plus n’avait pas apprécié que la CPI se mêle des agissements de l’armée américaine en Afghanistan. L’ancien président américain avait placé Fatou Bensouda et ses collaborateurs sous sanctions.

Le successeur de Fatou Bensouda au quoi qu'il arrive la lourde tâche de rétablir la confiance du public envers la CPI. Et convaincre que les objectifs de la cour vont dans le sens d’une véritable lutte pour la justice, indépendamment des rapports de force politiques du moment.

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