Face au chaos, Haïti enclenche une transition politique
26 avril 2024Haïti tente un nouveau pas vers une sortie de crise. Le conseil présidentiel de transition compte neuf membres, et doit nommer un nouveau Premier ministre, après la démission du très contesté Ariel Henry.
Aujourd’hui, Haïti n’a plus de président, n’a pas de Parlement et la capitale Port-au-Prince est à 80% aux mains de bandes criminelles.
Une centaine de gangs se livrent une guerre de territoire. L’an dernier, le pays a enregistré près de 2.200 homicides et quelque 1.200 kidnappings.
Plusieurs centaines de milliers d’armes à feu, un demi-million selon l’Onu, sont en circulation dans le pays, pour l’essentiel importées illégalement depuis les Etats-Unis.
Ce climat d’insécurité est exacerbé par le trafic de drogue : car Haïti est également un important hub de transit pour la cocaïne, le cannabis et l’héroïne provenant d’Amérique latine et à destination des Etats-Unis et de l’Europe.
Instabilité chronique
Un nouveau rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) rappelle que la crise actuelle s’inscrit dans une instabilité chronique : "avant même l'assassinat très médiatisé de l'ancien président Jovenel Moïse, en 2021, les villes et villages d'Haïti enregistraient une détérioration des conditions économiques, une augmentation des troubles sociaux, le ciblage des défenseurs des droits de l'Homme, et la menace croissante de gangs lourdement armés et d'organisations criminelles."
C’est dans ce contexte que le nouveau conseil présidentiel de transition a pour mission d’organiser des élections, alors que Haïti n’a plus connu de scrutin depuis 2016.
Prestation de serment sous haute sécurité
L’organe est composé de sept membres avec droit de vote, qui représentent les principales forces politiques en Haïti et le secteur privé. A ceux-ci s’ajoutent deux observateurs sans droit de vote représentant la société civile et la communauté religieuse.
Le conseil doit maintenant former un nouveau gouvernement et nommer un Premier ministre. En attendant, c’est Michel Patrick Boisvert, Premier ministre intérimaire, qui expédie les affaires courantes.
Pour des raisons de sécurité, la prestation de serment s’est faite en catimini, devant une assistance réduite, dans le Palais présidentiel, alors qu’on entendait des rafales d'armes automatiques dans le centre-ville de Port-au-Prince.