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CriminalitéHaïti

Un chef de gang menace d'une "guerre civile" en Haïti

6 mars 2024

Le chef de gang haïtien Jimmy Chérizier a un objectif principal : renverser le gouvernement "par tous les moyens possibles", y compris un bain de sang.

Un manifestant brandit un drapeau haïtien devant une voiture en feu à Port-au-Prince
Les gangs ont profité de l'absence du Premier ministre pour mener des attaques contre des sites stratégiquesImage : Ralph Tedy Erol/REUTERS

Les gangs, qui contrôlent 80% de la capitale haïtienne, selon le gouvernement, ont profité de l'absence du Premier ministre Ariel Henry pour lancer une série d'attaques jeudi (29.02.24) contre des sites stratégiques : commissariats, universités et aéroport, mais aussi deux prisons de la capitale. Près de 4.000 détenus ont disparu dans la nature, la population est terrorisée.

Des cellules vidées de leurs occupants : le pénitencier national de Port-au-Prince a été attaqué le 3 mars et les prisonniers libérésImage : Ralph Tedy Erol/REUTERS

"Nous sommes partis à pied, les bandits nous ont délogés", témoigne Jean-François, habitant de Port-au-Prince. "La dernière fois, ils ont pillé nos maisons. Ils sont revenus aujourd'hui, nous avons été obligés de partir et de nous mettre à l'abri. Ils contrôlent toute la zone".

Les gangs veulent renverser le gouvernement

Les gangs, armés jusqu'aux dents, affirment vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry. Jimmy Chérizier, alias "Barbecue", dirige l'alliance G9, qui regroupe neuf gangs de la capitale.

Les Nations unies accusent cet ancien policier de 46 ans d'avoir joué un rôle dans de multiples massacres, notamment le meurtre de plus de 70 personnes, lors de l'incendie de 400 maisons du quartier de La Saline, en 2018.

Depuis qu'Ariel Henry a pris les rènes du pays suite à l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, Jimmy Chérizier a un objectif principal : renverser le gouvernement "par tous les moyens possibles". Il a prévenu mardi [05.03.24] que "si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue à le soutenir, nous irons tout droit vers une guerre civile qui débouchera sur un génocide."

Le chef de gang ajoute à l'endroit de ses concitoyens : "Nous devons nous unir. Soit Haïti devient un paradis, soit un enfer pour nous tous. Il n'est pas question qu'un petit groupe de riches vivant dans de grands hôtels décide du sort des habitants des quartiers populaires."

 

Les habitants de Port-au-Prince sont terrorisés par les gangs, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et un couvre-feuImage : Odelyn Joseph/AP/picture alliance

Une force de l'Onu pour combattre les gangs

L'assassinat de Jovenel Moïse a contribué à détériorer la situation politique, sécuritaire et humanitaire déjà fragile. Depuis, l'influence des gangs ne cesse de croître en Haïti.

Bill O'Neill, expert de l’Onu pour les droits de l’Homme en Haïti est très inquiet. "Cela fait 30 ans que je travaille en Haïti et dans ses environs, et je n'ai jamais vu une situation aussi grave, affirme-t-il. C'est absolument catastrophique, qu'il s'agisse de la situation des droits de l'homme, de la situation humanitaire, de l'absence de toute forme de politique, de discussions, de négociations. "

Bill O'Neill appelle de ses vœux une "force internationale d'une certaine forme, d'une certaine taille parce que la police nationale haïtienne n'est pas assez puissante pour s'attaquer aux gangs".

Le Premier ministre haïtien Ariel Henry a obtenu le feu vert de l'Onu pour l'envoi d'une force dirigée par le KenyaImage : Craig Ruttle/AP Photo/picture alliance

L'Onu a validé en octobre l'envoi d'une force "rapide" dirigée pour aider la police haïtienne à combattre les quelque 200 bandes armées. Mais la précédente mission onusienne (Minustah), déployée de 2004 à 2017 n'a pas laissé que des bons souvenirs en Haïti, avec des accusations d'abus sexuels et 10.000 morts du choléra importés par des Casques bleus népalais.

Vendredi (01.03.24), Ariel Henry a signé à Nairobi un accord avec le président kenyan William Ruto pour l'envoi de policiers dans le pays. Le Bénin prévoit également d'envoyer 2000 soldats pour cette mission à laquelle doivent aussi participer les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade et le Tchad, selon l'ONU.

Pourquoi le Kenya dirige-t-il la MINUSTAH (en Haïti) ?

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La République dominicaine ne veut pas de réfugiés haïtiens

Pendant ce temps, de l'autre côté de la frontière, la République dominicaine observe avec inquiétude ce qui se passe chez le voisin haïtien.

"Nous prenons toutes les mesures pour essayer de maintenir le niveau de paix et de contrôle à notre frontière avec Haïti", a déclaré le président de la République dominicaine Luis Abinader, lors d'une conférence de presse lundi (04.03.24) à Santo Domingo.

La République dominicaine a commencé à ériger un mur à sa frontière pour empêcher l'afflux de réfugiés haïtiens, mais aussi l'arrivée de criminels sur son territoire.

De son côté, l'ONG Médecins sans frontières a indiqué mercredi [06.03.24] qu'elle renforçait sa présence dans le pays. MSF va rajouter une vingtaine de lits dans son hôpital à Tabarre pour atteindre une capacité de 75 lits, selon un communiqué de l'organisation.

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