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Séisme à Haïti : l’éternelle répétition

Marco Wolter | Avec agences
16 août 2021

Le séisme qui vient de frappé l’île rappelle aussi que depuis le grand tremblement de terre de 2010 pas grand-chose n’a été fait pour reconstruire le pays.

Une tempête tropicale pourrait ralentir la recherche de survivants
Image : Joseph Odelyn/AP/dpa/picture alliance

"C’est une décennie perdue, totalement perdue", constatait avec amertume l’économiste haïtien Kessner Pharel, au début de l’année dernière. Le pays commémorait alors les dix ans du terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010.

En quelques dizaines de secondes, un séisme de magnitude sept avait transformé la capitale Port-au-Prince en un vaste champs de ruines. Plus de 200.000 personnes avaient perdu la vie, et plus de 1,5 millions d’habitants s’étaient retrouvées sans abri.

Aujourd’hui, alors que le pays a une nouvelle fois été rappelé à ce douloureux souvenir de 2010 avec le tremblement de terre de ce week-end, qui a jusqu’à présent fait au moins 1.300 morts et 5.700 blessés dans le sud-ouest de l’île, le pays le plus pauvre des Amériques continue à porter les séquelles de la tragédie de 2010. 

Les efforts de reconstruction tant promis constituent une énorme déception pour les Haïtiens. L’une des meilleures preuves en est le chantier du Palais présidentiel à Port-au-Prince, qui n’est toujours pas achevé.

Haïti continue à dépendre de l'aide humanitaire internationaleImage : Fernando Llano/AP/dpa/picture alliance

Crise économique, sociale et politique

Le séisme de 2010 avait aussi détruit 60% du système de santé du pays, ravageant les quelques infrastructures existantes. Aujourd’hui, le principal hôpital de la capitale n’est toujours pas reconstruit. Les ONG internationales restent ainsi la seule alternative à un système de soins et un filet social inexistants.

S’y ajoute l’absence de transparence sur ce que sont devenus les milliards de dollars d’aide internationale donnés dans la foulée de la vague d’émotion suscitée par la catastrophe.

Au-delà de cette absence de progrès notable, la crise politique s’est ajoutée à la crise humanitaire et économique avec l’assassinat, le 7 juillet dernier, duprésident Jovenal Moïse, tué alors qu’il se trouvait chez lui à Port-au-Prince.

Quelques jours plus tard, le journal haïtien Le Novelliste dressait le constat suivant dans l’une de ses tribunes : "Depuis des mois, Port-au-Prince est soumis au feu et à la terreur. L’insécurité est devenue la règle. Des gangs armés n’ont eu de cesse de frapper. Enlèvements, assassinats, attentats ciblés se sont multipliés. Des quartiers ont été incendiés, des femmes, des jeunes, des enfants en très bas âge, des journalistes, des militants, de hautes personnalités judiciaires, des commerçants ont été massacrés. L’horreur, partout répandue."

Les infrastructures de santé sont quasi inexistantes en HaïtiImage : Joseph Odelyn/AP/dpa/picture alliance

Arrivée de la tempête Grace

Et l’horreur se poursuit. Pendant que les secouristes et les habitants poursuivent les recherches de victimes et d’éventuels survivants, les Haïtiens vivent dans la peur de nouvelles répliques. 

Même ceux dont la maison est encore debout préfèrent passer la nuit dehors, par crainte que les bâtiments ne s’écroulent lors d’une nouvelle secousse. Ils ne retournent chez eux que pour rapidement chercher des affaires.

Et une catastrophe risque d’en chasser une autre et de compliquer les travaux de recherche. En mer des Caraïbes, la tempête tropicale Grace se rapproche dangereusement d’Haïti. Des pluies torrentielles et des inondations pourraient entraver les efforts des secouristes. Grace pourrait toucher "la perle des Antilles" la nuit prochaine.

Image : Joseph Odelyn/AP/dpa/picture alliance