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ReligionsArabie saoudite

Le hajj en version 3.0

5 juin 2025

Les autorités saoudiennes misent sur les nouvelles technologies pour superviser la foule et éviter les incidents pendant le grand pèlerinage à la Mecque.

Un homme lit des versets du Coran sur son smartphone
Pour de nombreux pèlerins, l'utilisation du smartphone lors du hajj a des conséquences négatives sur l'expérience vécueImage : Amr Nabil/AP Photo/picture alliance

Le hajj, l'un des plus grands rassemblements de la planète, se poursuit jusqu'au 9 juin à La Mecque, en Arabie saoudite. Jusqu'à deux millions de pèlerins musulmans de plus de 180 pays participent à ce qui constitue l'un des cinq piliers de l'islam

L'année dernière, plus de 1 300 personnes sont mortes pendant le hajj à cause de la chaleur extrême. Les pèlerins marchent souvent plusieurs dizaines de kilomètres par jour sous une chaleur de 40 à 50 degrés. 

Le pèlerinage est chaque année également marqué par des incendies, des maladies contagieuses, des infrastructures qui cèdent, des personnes qui se perdent dans la foule et même parfois des suicides. 

En dehors des années marquées par les restrictions liées à la pandémie de coronavirus, cette saison du hajj enregistre le plus faible nombre de pèlerins depuis plus de trente ans.Image : Saudi Press Agency/apaimages/IMAGO

Pour cette édition, pour superviser la foule, les autorités saoudiennes misent sur des drones dotés de caméras thermiques, sur des outils d'intelligence artificielle et sur une technologie de reconnaissance faciale pour s'assurer que seules les personnes titulaires d'une autorisation à participer au hajj circulent sur les sites. 

En effet, l'an dernier, les décès ont surtout touché des pèlerins qui n'avaient pas cette autorisation officielle et n'ont par conséquent pas accédé aux abris et aux espaces climatisés. 

L'application Nusuk

Pour éviter la surpopulation, les pèlerins doivent choisir des créneaux horaires sur l'application Nusuk pour entrer dans certaines zones. 

Le système est associé à une carte d'identité électronique et un bracelet intelligent, qui contiennent des informations sur l'identité de l'utilisateur, ses projets de voyage, ses finances, sa santé et son logement, entre autres. 

La montée sur le mont Arafat est l'étape phare du grand pèlerinage de La MecqueImage : HAZEM BADER/AFP/Getty Images

La carte Nusuk doit être portée tout au long du pèlerinage et est utilisée pour accéder aux transports et à d'autres services. Certains bracelets sont géolocalisables, surveillent le taux d'oxygène dans le sang et la fréquence cardiaque de la personne qui le porte. Ils peuvent même être utilisés pour appeler les secours. 

La sécurité avant la protection des données  

Parmi les autres avancées technologiques du hajj de cette année, des robots sont là pour guider les visiteurs autour des sites religieux et pour distribuer de l'eau, des exemplaires du Coran et pour fournir des renseignements en 11 langues. 

L'Arabie saoudite a aussi refait des rues avec des pavés plus réfléchissants pour plus de fraîcheur, construit des sols qui absorbent les vibrations pour plus de confort de la marche, et propose une robe de pèlerin blanche spéciale, fabriquée à partir d'un tissu qui respire davantage. 

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Dans le même temps, la part croissante de ces nouvelles technologies alimente les préoccupations sur la confidentialité des données, la surveillance de l'État et la crainte d'actes de cybercriminalité. 

Car ces technologies sont obligatoires et ceux qui les refusent ne sont pas autorisés à effectuer le pèlerinage. Les responsables saoudiens estiment que la sécurité prime sur le reste. 

"Quelle que soit la justification du gouvernement saoudien, ce qui m'inquiète le plus, explique Marwa Fatafta, de l'organisation pour les droits numériques Access Now, c'est le fait que cette technologie est déployée dans un pays où l'État de droit est faible, où il n'y a ni transparence ni responsabilité de l'État".. 

Dans les conditions générales de l'application Nusuk, les informations sur la durée de conservation des données personnelles des pèlerins sont vagues et même contradictoires.  

Des pèlerins prennent en photo la Kaaba, la structure cubique au coeur de la Grande mosquée, vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour prier.Image : AFP/Getty Images

Moins de religion, plus de cyber 

Enfin, selon une étude menée en 2018 par l'Université du Central Lancashire au Royaume-Uni, les nouvelles technologies et l'utilisation du smartphone sont vécues par nombre de pèlerins comme une distraction et une pollution.  

Les personnes interrogées se sont plaintes que d'autres prenaient des selfies sur des lieux saints, parlaient au téléphone tout en effectuant des rituels et se comportaient comme des touristes plutôt que comme des visiteurs pieux. 

D'autres se plaignent d'un pèlerinage devenu trop confortable, loin de la simplicité, la pureté spirituelle et la contemplation, explique l'étude. Autrefois, les pèlerins marchaient entre les lieux saints et séjournaient sous de simples tentes. Aujourd'hui, ils prennent des trains à grande vitesse et sont hébergés dans des tentes climatisées.