IBK attaqué sur son bilan économique
24 juillet 2018Plusieurs indicateurs révèlent une économie malienne relativement dynamique. Déjà en 2013, alors que le pays sortait d'une transition militaire calamiteuse, le taux de croissance économique était estimé à 2,3 %. Et au fil des années, les performances se sont améliorées avec une bonne évolution du produit intérieur brut.
"En 2014, il y a eu un bond, la croissance économique est passée à 7%. En 2015, il y a eu stagnation de la croissance, et depuis 2016, 2017, 2018 il y a une croissance qui tourne autour de 5,3%; tandis que dans la zone Uemoa nous avons une croissance économique qui tarde autour de 7,6% et parfois à 8,1%. Il y a une parfaite maîtrise de l'inflation, le taux avoisine 1,8% à 2% avec un taux de convergence de l'Uemoa qui tourne autour de 3%", indique Abdourahamane Coulibaly, titulaire d'une thèse en gestion et enseignant à l'université au Mali, qui se réjouit de ces statistiques.
Une croissance qui ne profite pas aux populations
La répercussion de cette croissance économique a pourtant été très faible sur le niveau de vie des populations, et surtout sur leur accès aux services sociaux de base. Etienne Fakaba Cissoko, directeur du centre de recherches d'analyses politique économique et sociale, ne cache pas sa déception du bilan à ce niveau.
"Lorsque vous regardez par exemple la taille des gouvernements successifs, lorsque vous regardez l'instabilité politique, l'instabilité institutionnelle qui ont émaillé ces cinq dernières années; et surtout le nombre de ministères, les voyages interminables du président de la République qui ont coûté énormément aussi au budget national, on voit que l'engagement phare qui était de réduire suffisamment le train de vie de l'Etat n'a pas été au rendez-vous" ,déplore-t-il.
La sécurité : l'enjeu prioritaire
Sous le mandat du président Ibrahim Boubacar Keita, l'enjeu sécuritaire a pris le dessus sur toutes les autres priorités économiques, avec plus de 1200 milliards de francs CFA engloutis dans l'armée. C'est ce qui justifie, selon Abdourahamane Coulibaly, ce tableau mitigé.
"Vous avez près de 42% de la population malienne dans les zones urbaines qui n'ont pas accès à l'eau potable, alors que dans les zones rurales, c'est estimé à 63%. La pauvreté n'a plus seulement un visage rural, elle s'est même implantée dans les zones urbaines, et ça c'est un véritable problème", regrette-t-il.
C'est le compte à rebours pour l'élection pour du dimanche 29 juillet et le vainqueur aura pour mission de relancer l'économie du pays.