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Ibrahim Mayaki : "Il faut aider l'Afrique centrale"

2 mai 2018

Le secrétaire exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, le Nepad, revient sur l'action de l'organisation. Gouvernance, développement, sécurité, il répond aux questions de la DW.

Ruanda Kigali Ibrahim Hassane Mayaki
Image : DW/E. Topona

Ibrahim Mayaki : "Il faut aider l'Afrique centrale"

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Cette semaine, l'invité de la rédaction est Ibrahim Hassane Mayaki, le secrétaire exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, le Nepad. Celui-ci a précédemment occupé plusieurs postes ministériels au sein du gouvernement du Niger. Il a participé à Kigali, le week-end dernier, à la conférence sur la gouvernance organisée par la Fondation Mo Ibrahim. Ibrahim Hassane Mayaki répond aux questions d'Éric Topona.

DW : La gouvernance est l'un des credos de la fondation Mo-Ibrahim. Apparemment en Afrique centrale, ça ne semble pas bien marcher ...

Ibrahim Hassane Mayaki : L'Afrique centrale est le ventre mou de l'Afrique. Au niveau de l'Union africaine, si on regarde les indicateurs d'intégration régionale, l'Afrique centrale est quand même loin derrière la plupart des autres régions. L'agence du Nepad qui travaille avec la commission économique des Etats de l'Afrique centrale le fait parce qu'il y a une reconnaissance mutuelle des choses qu'il faudrait arranger : une meilleure intégration économique, beaucoup plus d'infrastructures régionales, une meilleure liberté de mouvements des personnes et des biens. C'est aussi de savoir comment on va bâtir des systèmes politiques qui permettront des alternances, qui éviteront d'aller dans des situations de guerres civiles, de chaos…

DW : Vous parlez de crise. On sait que la RDC est confrontée à une crise politique, avec l'incertitude quant à l'organisation des élections. Est-ce que ça préoccupe l'Union africaine ?

Ibrahim Hassane Mayaki : Pour l'Union africaine, il n'y a pas d'incertitudes. Si vous lisez tous les communiqués de l'Union africaine, les élections doivent se tenir en décembre 2018.

La question Joseph Kabila

Image : picture-alliance/dpa/M. Kappeler

DW : Avec ou sans Joseph Kabila ?

Ibrahim Hassane Mayaki : Les élections doivent se tenir en décembre 2018. C'est ce que dit l'Union africaine. Ces élections doivent être des élections libres, transparentes, avec toutes les conditions que requiert l'Union africaine. Pour l'Union africaine il n'est pas question de penser à des élections non tenues en décembre 2018.

DW : Et avec ou sans Joseph Kabila ?

Ibrahim Hassane Mayaki : C'est au Congolais de décider. Moi, ce que je fais, je vous répète la position de l'Union africaine. Et je peux vous garantir que, et le président de la commission de l'Union africaine, et le commissaire à la paix et à la sécurité, ont sur leurs radars cette question prioritaire.

DW : La constitution congolaise est claire : Joseph Kabila ne peut plus briguer un troisième mandat.

Ibrahim Hassane Mayaki : Alors si la constitution congolaise est claire, selon les Congolais, selon les instances, elle devra être appliquée.

Phase d'actions

Image : Getty Images/AFP/M. Jourdier

DW : Où en est-on avec les démarches et les activités du Nepad

Ibrahim Hassane Mayaki : Ce n'est plus le NEPAD d'il y a une dizaine d'années, où on organisait des conférences, des séminaires, pour discuter des problèmes que nous connaissions déjà et des solutions possibles. Là on est dans l'action au niveau de ces 52 pays.

DW : Quels sont les résultats concrets ?

Ibrahim Hassane Mayaki : Si vous regardez les infrastructures par exemple, on a facilité la construction de plus de 10 000 kms de routes. Et ce n'est qu'un exemple. Si vous prenez en termes de sciences, technologies, innovations : on a créé les bases d'un marché régional de production de médicaments génériques en Afrique de l'Est. Et on va le faire en Afrique de l'Ouest. Si vous prenez l'autoroute Legos-Alger, qui fait 4500 kms. On a permis à ce que ces 4500 kms là soient réalisés. Il ne reste plus que 90 kms à l'intérieur du Niger. On travaille sur Inga III avec les autorités congolaises et la communauté des Etats de l'Afrique centrale. On a travaillé sur le chemin de fer Dakar-Bamako, qui ne va pas encore à Bamako mais qui va s'arrêter à la frontière entre le Sénégal et le Mali. On travaille, en sciences, sur la modification génétique des moustiques, des anophèles, qui transmettent le paludisme. Nous le faisons en lien avec des instituts de recherches colombines qui ont mis au point des mécanismes sur ce plan-là. Cela va nous permettre de réduire l'impact du paludisme sur le continent. On a mis sur pied un fond pour le changement climatique qui nous a permis d'atteindre 50 000 petits producteurs. Et je pourrais continuer ainsi dans tous les autres domaines.

Lutte contre le terrorisme

Image : picture-alliance/dpa/N. Bothma

DW : Est-ce que la lutte contre le terrorisme et la sécurité du Sahel en général font aussi partie aussi de vos préoccupations ?

Oui. Le fait d'avoir négligé certains territoires a permis l'éclosion de forces terroristes. Et vous avez les cartels colombiens, qui ne peuvent plus aller directement aux Etats-Unis, qui utilisent des plateformes ouest-africaines pour passer leur drogue vers l'Europe. Donc on a plus à faire à des djihadistes et des terroristes mais à des trafiquants et à des criminels. Et cela implique qu'on est deux axes de réponse : un axe sécuritaire et un axe développement pour revitaliser ces territoires qui ont été, d'une certaine manière, marginalisés.